
Bokantaj : Souvenirs de la Toussaint
Depuis petite, j’ai toujours aimé la Toussaint, car mon anniversaire est le 29 octobre et surtout, je passais de bons moments avec ma famille paternelle. Mon seul regret est que cette branche familiale n’était pas très photos, tandis que j’ai une montagne d’album photos retraçant l’histoire des Jean-Marie, ma branche maternelle. Heureusement, ma mémoire est toujours vivace afin d’écrire et de le conter également.
Chaque année à cette période, nous nous réunissons dans la maison familiale à Saint-Pierre au bord de la rivière Roxelane. C’était la maison d’enfance de la famille Jacque-Gustave donc de ma grand-mère paternelle Man René ainsi que ses sœurs. C’était une maison massive en pierre et en bois comme avant. La cuisine était extérieure et ouverte sur la rivière. Les meubles étaient très anciens et rongés par les mites, mais jamais on osait les jeter, car ils avaient une histoire. Du coup avant chaque réunion de famille, mes grandes tantes sollicitaient M. Bocali un djobeur et voisin qui s’occupait de la maison. Il s’assurait que la maison soit propre et allait au marché pour que mes tantes puissent préparer le repas. Puis il nettoyait avec précaution le caveau familial.
Avant de nous y rendre, nous mangions un repas végétarien. C’étaient des acras de légume avec du pain. Papi Benjamin avait droit à un copieux repas tout de même. De toute façon, il n’a jamais été très dans les bondieuseries. Mon père, qui était devenu évangéliste, n’allait plus au cimetière, pour lui, c’était un culte païen. Malgré ses babillages, ils nous laissaient y aller par tradition et surtout parce que ma sœur et moi, nous allions nous amuser avec nos deux cousins. Nous fûmes élevés ensemble par nos mères comme des frères et sœurs.
Avant de nous rendre au cimetière après le coucher du soleil, il fallait bien s’habiller. Jolie coiffure, jolie chaussure et belle robe même si on allait se salir et pliché nos chaussures en jouant. Puis tante Maryse nous donnait chacun notre stock de bougies blanches avec une boite d’allumette. Je me rappelle qu’elle babillait en nous disant qu’il était hors de question qu’elle nous en donne plus. Faut dire qu’avec du recul, elle nous en donnait énormément pour soutirer nos jeux au cimetière.
Dès l’entrée du cimetière de Saint-Pierre, je pouvais ressentir cette vibes très particulière et intense. Cela m’avait toujours interpellé. Mais à l’époque, je ne savais pas pourquoi et ni mettre des mots dessus. En-tout-cas, je le ressentais, c’était intense avec toutes ses lumières, libations pour certains, prières, nostalgie et bonheur d’être ensemble même par tradition pour honorer nos défunts.
J’étais petite donc cette histoire, de rester près du caveau pour prier me démangeais le corps. Moi, je voulais courir entre les tombes pour jouer à cache ou à kaka bouji avec ma sœur, mes cousins et les autres enfants. Fort heureusement, au bout de dix minutes, ma tante nous autorisait à partir. Ensemble, avec une partie de notre stock, nous devions illuminer les tombes abandonnées et sans fleurs. Nous le faisions avec plaisir. Avant de poser la bougie, nous disions le nom de la personne ainsi qu’un repose en paix. On sillonnait toutes les allées.
Quand il nous restait plus grand-chose, on débattait entre nous pour savoir quelle tombe aurait droit à des bougies. La priorité était pour celles qui étaient englouties par la végétation. À la fin, il nous restait plus aucune bougie. Je me souviens que j’étais allée demander à ma tante Ginette une petite bougie pour une tombe abandonnée. Bondié, la dame avait rouspété, mais elle avait cédé. Faut dire que c’était rare que je m’adressais à cette tante avec des paroles mielleuses. C’était une fèt chié tout comme moi. Je connaissais ces macaqueries tout comme elle envers moi.
Après cette expédition, c’était le moment pour courir comme des fous à bataille kaka bouji. On devait faire des boules avec la cire de bougie puis l’envoyer bien chaude sur l’autre. Sans aucun scrupule, on se servait sur les tombes qui avaient énormément de bougies. Heureusement, nous étions des enfants, les morts ne s’en offusquaient pas. Lannuit yo pa té ka vini tiré ti zortey nou. On jouait avec les autres enfants sans connaître les prénoms. Puis quand les adultes criaient derrière nous, car on rigolait trop fort, on se clamait en allant vers la fosse commune pour essayer de voir des bouts de squelettes.
Bien évidemment, c’était le moment pour se raconter des histoires autour des morts. Je me rappellerais toujours l’histoire d’un petit garçon qui nous avait racontées que certaines nuits, il pouvait voir son grand-père. Il venait lui rendre visite. Nous avions peur sans avoir peur. C’était des histoires tellement courante dans notre quotidien même si certains disaient que c’était des diableries.
Après cette escapade, on revenait euphorique à la maison. Mon père babillait, car ma robe était toujours dans un sale état. Pleins de kaka boujie dessus. Heureusement, ma mère avait préparé un linge de rechange, car je pense que si ces kaka bouji touchaient le cuir des sièges de la voiture de mon père, méssié i té ké ja antéré adan simitiè Sen-Piè.
Valérie RODNEY
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Les contes et légendes font partie de notre tradition orale. Mais connaissons nous vraiment l'étendue des dégâts provoquée par la christianisation ? Il faudrait sans doute revisiter certains de nos contes...
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Petite introduction à notre médecine traditionnelle antillaise afin de valoriser notre héritage. Bien évidemment, cela peut différer selon les îles car les Antilles ne se résument pas qu'aux îles colonisées par la Fwans.
Si vous avez un lopin de terre, plantez et cessez de faire la guerre aux mauvaises herbes. Les mauvaise herbes comme ils disent sont essentiels dans notre pharmacopée !
Et si vous connaissez un guérisseur, tendez bien l'oreille pour enregistrer ses secrets pour que la transmission perdure. Notre avenir est dans notre jardin karayib !
Un grand merci aux travaux de Christiane Bougerol qui a enquêté sur nos us et coutumes afin de les préserver🌺.
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J'ai écrit ce texte il y a quelques mois quand j'ai commencé à apprendre les chansons de la prière dyo. Une longue et vibrante prière qui relate notre histoire avec son lot de souffrance mais aussi d'espoir.
On cherche ailleurs alors que tout est là devant nous et en nous. Sonjé, yo lé wè'w touni an tèt !
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Save the date !
Vous êtes de plus en plus nombreux à me reclamer un live pour expliquer mon parcours spirituel et surtout mon affinité avec le vodu haïtien.
Comme dit certains : pourquoi le vodu haïtien ? En 2023, les gens sont toujours choqués mais bon dapré yo hein 🤣.
Du coup, je ne peux plus faire la sauvage qui disait awa 😅. Faut bien que j'ouvre un peu ma bouche afin de mieux partager car en verité notre transmission est orale.
À vendredi 🌺
Je ne pouvais plus hurler haut et fort qu'il fallait dédiaboliser nos pratiques ancestrales, renouer avec nos ancêtres, renouer avec notre histoire caribéenne, etc sans m'initier dans le vodu haïtien.
Même si je faisais un travail de pédagogie, je me sentais de moins en moins légitime car je n'étais pas intiée... oui j'avais un autel, etc mais je n'avais encore vécu le nannan des choses. Du concret, du palpable, bref man viv li !
Merci Manbo Rosmy de m'avoir permis d'accéder au grade d'hounsi. Prochaine étape Haïti mais man poko paré 😅. En tout cas avec du recul, c'est là que je comprends mieux le pourquoi du comment de mon cheminement.
Les signes étaient déjà là, c'est juste que je n'avais pas encore la connaissance pour les comprendre. À l'heure d'aujourd'hui, je ne peux pas dire que les lwa n'existent pas, awa ! Et je ne peux plus me cacher.
Ayibobo
Les susceptibles comme la plante marie honte, ne perdez pas votre temps à vous emporter en commentaire ou en DM. Mwen san fouté car de temps en temps, il faut savoir prendre du recul et accepter nos défauts pour mieux avancer. La vie paradisiaque sous les cocotiers est une illusion pour bon nombre d'entre nous. Oui oui, c'est une realité même si certains trompent les makrel avec l'audi ou en paradant dans les soirées.
Bien entendu, je vois de loin ceux qui vont dire ki sa nou pé fè ? Depuis le temps que les gens en parlent et c'est maintenant que tu te poses la question ? Srx ? Tu vas au sud de l'île sans y voir le problème ? Tjip !
Bref man té ni sa pou di zot. Moi même là je vais lâcher prise lors de ma retraite spirituelle tant souhaitée. En espérant, que mes aïeux pourront plus facilement venir me voir pour enfin me communiquer la recette du parfum attrape un job afin d'aider Math la galère 🥴.
PS : les témoignages sont réels, j'ai juste changé le nom de certains surtout celui de Sonia la DRH, an bwabwa ki la (ou pa kontan ? Mwen san fouté !)
#martinique #guadeloupe #antilles #caraïbe #politique #retouropéyi #martiniquaise #martiniquais
Les milans du voisinage m'ont rapporté le gros cancan entre un jeune homme et son beau-père suite à un hématome cérébral de la mère..
Les mauvaises langues disaient que c'était parceque la tête de brave femme tapait trop souvent blo contre la tête de lit 🤣. Pour sûr, malgré les saignement dans la calbèche et les avertissements du neurologue, la dame ne voulait surtout pas arrêter son commerce avec son jeune et vigoureux époux. Hanhan piès !
"Mourir dans l'évanouissement de félicité de koko et de langue est la meilleure mort tonnè !" Disait elle à ses copines sur le parvis de l'église.
Pendant ce temps, le bruit dérangeait le sommeil du fils dans la chambre avoisinante qui malheureusement devait se battre entre une bande pas catholique ou un gwo pléré...
Sé mwen ki ka manjé lanbi manman'w disponible sur le site (lien dans ma bio) et en Podcast (Parole d'une commère caribéenne) sur Spotify, Soudcloud, Deezer, Amazon music.
Illustration bien comme il faut de @confluence_art_storytale
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La Box Mystère est enfin disponible en précommande sur le site lafleurcurieuse.fr (lien dans ma bio).
Dans cette box vous retrouverez des livres pou ba zot bon frison lannuit. Mais fort heureusement, vous pourrez compter sur votre bougie patate douce pimentée pour vous éclairer et même apaiser lors de vos insomnies 🤣.
Si rupture de stock et que vous en voulez une, n'hésitez pas à me contacter en DM 😉.
Ps : si reception avant la date la box sera envoyée.
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Je vous souhaite de bonnes vacances de Carnaval 🥳.
Je vous donne rdv à partir du 6 mars, le temps pour moi de souffler un peu et de préparer bien comme il faut la suite de mes projets.
Le réapprovisionnement des livres surtout de Sé vis ki est en cours. En attendant vous pouvez réserver votre exemplaire en précommande sur le site (lien dans ma bio). Et même découvrir le pouvoir mystique des plantes, disponible en Pdf sur le site.
Prochain podcast : Sé mwen ki ka manjé lanbi manman'w
Prochain livre : Les mystères occultes des îles, deuxième partie
Et après plus de 4 ans, j'ai décidé de faire occasionnellement des lives sur instagram. Mais occasionnellement hein ! Faut que je me déride un peu 😅.
Bisous
@yummymq est une amoureuse d’écriture épicée qui s’est retrouvée dans le faitout des mots lors de sa rencontre avec la scène slam de l’île. Elle aime mettre son grain de sel dans l’expression de la sensualité, et du miel dans celle de la sexualité. Dans le présent ouvrage elle s’essayera à la romance en restant fidèle à son premier amour, Le slam.
Elle vous plongera donc sans aucune discrétion et lubrifiant dans les tourments d’amour et de passion de Mél. Comme des voyeurs vous partagerez sa soif du désir jouissif, mais aussi sa descente dans les abysses de la dépendance.
@heritage_des_iles est le rêve du poto mitan d'une famille. Une mère qui a su partager et transmettre sa passion pour les plantes et la terre à ses enfants. Maintenant ses héritiers ont pour mission de créer un rituel autour de la tisane pour vous faire profiter des vertus des plantes de la Caraïbe au quotidien. Sur leur site, il propose toute une gamme de tisanes péyi dont ma préférée la Tisane Peyi Kayali Merise (atoumo, menthe, basilic et merise).
Résultat ce dimanche . Bonne chance 🌺.
#jeuconcours
À travers un écrit, Jonathan Soubarapa pratiquant de l'hindouisme en Guadeloupe partage avec nous quelques bases sur sa spiritualité ainsi que son expérience personnelle.
Si vous êtes curieux de découvrir cette antique spiritualité du continent Indien qui mérite amplement notre attention, n'hésitez pas à lire : Quelques notions de l'hindouisme aux Antilles sur le site lafleurcurieuse.fr (lien dans ma bio).
"Les Monsamy, les Manoutchy, les Pandrayen ou les Virassanin, tout ce peuple d’Indiens qui s’échinaient dans le nord du pays au profit des richissimes planteurs blancs, n’avaient plus souvenance de rien. La langue, les rites, les dieux, les chansons n’avaient été conservés que par une poignée de savants et de prêtres car en venant de ce côté-ci du monde, après avoir traversé deux océans, la mémoire n’était plus qu’un grand trou noir. Une souffrance insondable.
Et ici, dans ce pays-là, il avait fallu affronter de nouvelles épreuves. Le dur travail de la canne à sucre, le mépris des Blancs, le crachat des noirs, l’indifférence des mulâtres. […] Il avait fallu survivre dans toute cette dévalée de fléaux et le peuple indien, devenu couli, avait survécu. Il avait redressé la tête et demandait honneur et respect. […] »
Extrait du roman La Vierge du grand retour de Raphaël Confiant
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