
La sorcellerie aux Antilles
Qui n’a jamais entendu des histoires aux Antilles sur le quimboi, le petit diable dans les champs de campagne, de la belle femme aux pattes de bouc etc et même le vivre. Lors de mon enfance, mes parents ainsi que mes camarades me racontaient les légendes mystiques et urbaines de notre île. Elles sont un héritage d’un mélange culturel qui se fit lors de l’esclavage. Certains diront que ce sont juste des sottises et que seuls les écritures bibliques sont véridiques.
D’autre y croit, même en étant dans une religion et d’autre pratique dans le plus grand des secrets. Quel que soit les croyances, nous ne pouvons nier notre héritage et qui selon moi doit être préservé. Car cela fait partie d’une certaine manière de notre histoire et peut être demain, nous en auront besoin pour combattre un maléfice….
Petit point historique
Selon : “Vaudou, sorciers empoisonneurs” de Pierre Pluchon
Dès le début la société coloniale est en conflit et le système très hiérarchisé de l’Ancien Régime bloque toute évolution. Les Blancs, libres et bénéficiaires du système esclavagiste, partagent la culture rationnelle européenne. Les Noirs, victimes de cette esclavage, se consolent dans les croyances surnaturelles africaines. Les Africains arrivent sur les habitations, avec leurs convictions ancestrales, contre lesquelles lutte l’Eglise, qui a pour première mission d’évangéliser les idolâtres. Les colons ne croient pas aux balivernes de leurs esclaves, mais ils les laissent jouir d’une certaine liberté spirituelle dans leurs cases. Aussi les Noirs se regroupent dans les “lacous” (cour des cases-nègres) par famille autour de leurs croyances. La seule exigence des maîtres est le respect de la discipline, car les attroupements ne doivent pas troubler l’ordre public.
L’action des sorciers
Selon : “Vaudou, sorciers empoisonneurs” de Pierre Pluchon :
Face au malheur, les esclaves font naturellement appel aux esprits de leurs morts et à leurs divinités ancestrales pour trouver un apaisement. Les Africains croient à la puissance d’un monde spirituel et les sorciers les poussent à aller plus loin dans les pratiques magiques. Les sorciers sont les intermédiaires entre le visible et l’invisible . Cette position renforce leur pouvoir et leur permet de s’ériger en puissance offensive. Avec la magie et le poison, les sorciers font la loi auprès des esclaves. Comme en Afrique, ils éliminent leurs opposants au nom des valeurs ancestrales.
Le poison appartient au domaine initiatique de la magie, c’est l’arme la plus redoutée des individus qui vivent dans le surnaturel – cela est toujours vrai, aujourd’hui, à Haïti.
Le délire des Blancs
Selon : “Vaudou, sorciers empoisonneurs” de Pierre Pluchon
Les blancs entretiennent des idées arrêtées sur les Noirs. L’usage du poison est attesté dans toutes les îles des Antilles … Nous devons rappeler, qu’à la même époque en France métropolitaine, il y a une multitude d’empoisonnements, dont l’affaire de la Brinvilliers qui touche les proches de Louis XIV. A cette époque, la médecine est balbutiante et les maladies tropicales sont inconnues (un colon sur trois mourait de la fièvre jaune ou du paludisme). Les effets ravageurs des épidémies sont attribués aux poisons et aux maléfices. La peur du poison déclenche une sorte d’hystérie collective, dont les conséquences pour les Noirs sont épouvantables.
Dans un mémoire de 1775 intitulé : “Effets dangereux de l’erreur et de la superstition dans les colonies françaises d’Amérique”, Laborde écrit que :
“L’Amérique doit être regardée comme le pays des préjugés … Arrive-t-il un malheur à un habitant de nos colonies, c’est un Nègre ou plusieurs qui en sont l’auteur. Jamais il n’a recours aux causes naturelles; il ne les connait point; il faut donc accuser les Nègres. Une sécheresse corrompt les eaux d’une savane ou prairie, dessèche les herbes, ou tout autre cause occasionne une maladie épidémique sur les mulets, les boeufs : c’est un Nègre qui a empoisonné les eaux et les parages.
Sans savoir lequel, on soupçonne celui-ci plutôt qu’un autre. On cherche des preuves, on n’en trouve point. On le met à la torture, il n’avoue rien. N’importe, le maître barbare le met aux fers, le fait mourir à petit feu, on le force à s’étrangler lui-même, on lui fait subir un supplice en présence de tous les Nègres, de son autorité, qui termine sa vie malheureuse et innocente.”
Ce délire a ravagé Saint-Domingue et la Martinique, la Guadeloupe a été épargnée par ce malheur.
La lutte du clergé contre les sorciers
Le R.P. Labat (Voyage aux Isles – Chronique aventureuse des Caraïbes 1693-1705) raconte :
“Je fus averti une nuit qu’il y avait dans sa case un nègre qui se mêlait de médecine. J’y fus assitôt dans le dessein de le faire châtier et de le chasser. Mais étant proche de sa porte, je m’arrêtais pour voir au travers des fentes et des palmistes dont la case était palissadée. Je vis la malade étendue à terre sur une natte.
Un petit marmousset de terre, à peu près semblable à celui que j’avais brisé au macouba, était sur un petit siège au milieu de la case et le nègre, prétendu médecin, était à genoux devant. Un peu après, il prit une coupe, c’est-àdire une moitié de calebasse où il (y) avait du feu. Il mit de la gomme dessus et encensa l’idole. Enfin, après plusieurs encensements et prosternations, il s’en approcha et lui demanda si la négresse guérirait ou non. J’entendis la question, mais je n’entendis pas la réponse. A cet instant, j’enfonçai la porte, j’entrai et me saisit du sorcier et de quelques-uns des spectateurs. Je pris le marmousset, l’encensoir, le sac et tout l’attirail et je demandai à la négresse pourquoi elle pleurait.
Elle me répondit que la diable avait dit quelle mourrait dans les quatre jours et qu’elle avait entendu la voix qui était sortie de la petite figure. Cependant, je fis attacher le sorcier et je lui fis distribuer trois cents coups de fouet qui l’écorchèrent depuis les épaules jusqu’aux genoux. Il hurlait comme un désespéré et nos nègres criaient grâce pour lui. Mais je leur disais que les sorciers ne sentaient pas de mal et que ses hurlements étaient pour se moquer de moi et je le faisais toujours fouetter à bon compte. Nos nègres qui étaient tous assemblés tremblaient et me disaient que le diable me ferait mourir et ils étaient tellement prévenus de cette folle imagination que je ne pouvais les en faire revenir, quelque chose que je pusse leur dire. A la fin, pour leur faire voir que je ne craignais ni le diable, ni les sorciers, je crachais sur la figure et la rompis à coups de pied. Quoique j’eusse envie de la garder, je brisais l’encensoir et tout le reste de l’équipage et, ayant fait apporter du feu, je fis brûler toutes ces guenilles.
Enfin, je le fis mettre aux fers après l’avoir fait laver avec une pimentade, c’est-à-dire avec de la saumure dans laquelle, on a écrasé des piments et des petits citrons. Cela cause une douleur horrible à ceux que le fouet a écorchés, mais c’est un remède assuré contre la gangrène qui ne manquerait pas de venir aux plaies. Je fis aussi étriller tous ceux qui s’étaient trouvés dans l’assemblée. Ce qu’il y eut de fâcheux dans cette aventure fut que la négresse mourut effectivement le quatrième jour.”
La lutte victorieuse du clergé en Guadeloupe
Selon : “Vaudou, sorciers empoisonneurs” de Pierre Pluchon :
A Haïti, les esclaves groupés dans le culte Vaudou ont lutté avec succès pour obtenir leur liberté. Aujourd’hui, le peuple haïtien reste encore sous la domination des maîtres du Vaudou, qui bloquent l’émergence d’une société démocratique. En Guadeloupe, l’action du clergé a été plus efficace et au fil des générations, les croyances ancestrales se sont effilochées et le Dieu des chrétiens est entré dans le cœur des gens.
Des restes de culture africaine demeurent dans le culte des morts, dans les veillées mortuaires, dans les noms cachés, dans la médecine locale et dans la magie noire ou blanche, les zombis , les kimbwa , les kakoué , les soucougnans , les volans , etc …
Ces croyances peuvent passer pour de la naïveté ou de la superstition, même aux yeux des Créoles. Mais il s’agit de la survivance des croyances des esclaves, qu’ils ont transmise à leurs descendants avec une certaine perception d’un monde invisible.
Que nous soyons catholiques, évangélistes, etc nous devons préserver nos légendes et croyances créoles. Car il ne faut pas oublier qu’avant que nos ancêtres soit évangélisés, ils avaient leurs propres croyances et coutumes. Qu’on se doit de respecter et de continuer à transmettre à nos enfants, afin de contrer l’assimilation culturelle . Personnellement, j’estime que l’évangélisation contribue d’une certaine manière à l’assimilation et menace des facettes de notre créolité.
Les légendes et croyances
Nos légendes et croyances sont nombreuses, ce petit ré-cap parlera seulement de mes propres connaissances. Sachant que les histoires peuvent différer selon les familles. Néanmoins la base est toujours la même….
Le quimbois
Le quimbois est l’équivalent aux Antilles du vaudou haïtien. Celui qui le pratique se nomme le quimboiseur, “maître des connaissances”.
Dans mon île, tout le monde connaît le quimboi, même qu’il nous arrive à tous de soupçonner quelqu’un dans notre entourage ou voisin d’en pratiquer ou d’avoir fait appel à un quimboiseur. En effet, le rôle du quimboiseur est d’invoquer des esprits (ou je ne sais pas qui et je ne veux pas le savoir), afin d’exaucer les souhaits de son client. Par exemple faire en sorte que la personne qu’on désir soit accro de nous, de réussir des examens, gagner des élections, de se venger de quelqu’un… Même dans notre langage, il n’est pas rare de se dire “yo fè mwen an tchimbois” (on m’a fait un quimbois) lorsque des malheurs nous tombent dessus. On peut aussi faire peur à quelqu’un en lui faisant croire qu’il a été victime d’un sortilège.
Deux histoires me reviennent:
- Celle d’un proche à moi qui a eu une promotion à son travail, certains collègues jaloux ont décidé d’ouvrir une bible dans la voiture de mon proche entourée de couteaux…Ce proche ne se laissant pas pris par la panique, a retiré tout cette mascarade précautionneusement en ne touchant pas directement les objets. Par la suite, il conduit sa voiture comme si de rien était. Bien évidemment un petit coup d’eau bénite sur la voiture ne fait pas de mal.
- Lorsqu’on veut réserver une table près de plage avant d’aller faire sa randonnée, quoi de mieux que de faire un espèce de dessin avec des morceaux de bois et de mettre des couverts en son centre. La mise en scène a tellement bien fonctionné que personne n’a osé retirer les objets, malgré l’affluence des gens à la mer à l’heure de pointe (12h).
Si nous sommes la cible, le meilleur moyen de s’en défaire selon certaines personnes c’est d’intégrer un groupe de prière afin de s’en libérer. Et d’autres qui recommandent de ne pas prêter attention car c’est la peur qui nous rend vulnérable face à ce genre de danger.
Le cimetière
Un lieu très privilégié pour les pratiquants de l’art mystique. En effet, lors des élections et la nuit , nous savons tous qu’il ne faut pas roder dans un cimetière. Tout d’abord quelle personne saine d’esprit irait se promener la nuit dans un cimetière? Si ce n’est que pour préparer quelque chose comme on dit chez nous “de pas catholique”.
En effet selon les “superstitions”, les morts détiennent 90 pouvoirs. Ils peuvent être tantôt “le bien” et tantôt ” le mal” mais il y a plus de pouvoir maléfiques par rapport au bien. Par exemple, provoquer la zizanie entre les vivants, se venger ou avertir un proche d’un danger en lui tirant les orteils du pied la nuit… C’est pour cela que durant mon enfance je cachais mes orteils. Quand bien même que cela soit un proche, je serai morte de peur sur place…
Bien évidemment , le mort ne fait rien gratuitement. Il demande un service en échange de son savoir. Car le mort est esprit qu’on peut diriger en sachant qu’il faudra s’acquitter de sa dette quelque soit le prix.
Légende ou pas? Personnellement, ayant eu vécu mes 24 premières années à la Martinique, je peux vous dire qu’il y a des choses dans ce monde que la Bible ne peut pas expliquer…..
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Mèsi ☺️
Save the date !
Une riche et intense discussion avec Manbo Rosmy, celle qui m`a initié au vodu haïtien.
Si vous ne pouvez pas y participer, vous pouvez poser en avance vos questions en commentaires. Nous allons y répondre dans la mesure du possible.
Le live sera ultérieurement disponible sur mon feed.
Les complaintes de Sobo é Badè
Sobo est la personnification de l`energie de la foudre. Il marche avec Badè, l`energie du vent. Ce sont des lwa du rite rada. Antan lontan, c`était eux qui donnaient l`asson c`est à dire la prêtrise dans le vodu haïtien. Maintenant c`est Papa Loko.
D`après ce que j`ai compris à travers leur babillage, ce sont des lwa très particuliers. On ne doit surtout pas les servir et les interpeller n`importe comment sinon yo ka pété tjou`w. Ayant fait un règlement avec eux, man pa ni pwoblem épi yo.
Nous nous parlons uniquement quand la situation est délicate et qu`il me faut du balan surtout en matière de protection. Sinon yo pé vini fè an ti koukou si yo lé, pa si man lé...zot konprann.
Lorsque, j`ai commencé a apprendre les chansons pour les différents rites, j`ai constaté que Sobo se plaignait auprès des vaudouisants d`être abandonné au profit des autres loas. En effet, son culte à diminué avec le temps.
À force de chanter ses chansons, Sobo en avait profité pour se présenter pour la première fois à moi. Badè sé pa an lwa ki ka palé anlo. Mé i la é a pa jé ! J`avais donc senti une forte énergie pleine de sagesse mais ki pé dérayé`y si ou pa ka tjenbé, avec une touche de mélancolie. Un vieux papi toujours vigoureux et impétueux qui maintenant rouspète auprès de ses enfants.
J`ai eu droit à ses complaintes sur notre abandon. Si il avait un bâton, i té ké fouté moun bon kou 🤣mais sans aucune méchanceté hein.
D`après ce que j`ai compris de son palabre, nous voulons des solutions à tout va mais peu, on de la patience et surtout de la persévérance. Ce n`est pas en allumant une bougie avec deux ou trois chansons qu`ils vont venir et mâcher tout le travail pour toi. Comme il l`a dit "Zot pa fouté an merde ! ".
En même temps, ce n`est pas étonnant après de plusieurs siècles de déni, de folklore et persécution, il faudra se mettre à genoux et recommencer comme des nourissons afin qu`ils daignent écouter nos complaintes. Sonjé, nou sé ti moun yo...
Ps : Cet écrit est mon appoche personnelle envers ces lwa. Chacun vit son lien avec eux à sa manière 🙌🏼.
#fokousav #vaudou #lwa #laquimboiserie
Save the date !
Pas de sujet particulier, je verrai selon mon mood. Cependant je vais quand même expliquer ma nouvelle passion, les ploumploums. Puis toujours la même chose hein c`est à dire être emmerdante.
Normalement il y aura un replay. Mais tout dépendra de la proportion de mes conneries.
À dimanche
J`essaye de faire attention aux abonnés qui habitent en France mais avec mon planning, c`est chaud. Dsl
Ps : Photo de moi pour ma communion je crois..que voulez-vous je n`allais pas refuser la fête, les petits pains au beurre et l`argent 🤣🤣
La rentrée approche, revoyons ensemble les bases 🙌🏼
-Première leçon : Ma paix n`a pas de prix !
-Deuxième leçon : Pa fè mwen chié sous peine d`un patat papa`w (i pé mò ou anlot koté sé pa pwoblem mwen)
-Troisième leçon : Man pa manman`w ! Ni ton psychologue, ni ta conseillère, ayen ! Je réponds si je veux 😉.
La page est gratuite, je le fais par amour et passion pour notre héritage ancestral. Donc, je ne te dois rien ! Ayen 🥳.
Lanmou ba zot ❤️🔥
#fokousav
Sincèrement, si j`étais le grand-père je serai venu la nuit tirer les orteils de ma petite-fille 🤣🤣moli ! Mi zafè sieuuu 🤣
Ce fut le dernier témoignage du mois d`août. Merci d`avoir participé à cette rubrique qui pour notre plus grand bonheur continuera !
🥳🥳Zot pé di mwen mèsi !
Du coup, je vous donne rdv tous les mercredis selon les témoignages...Préparez-vous a ne pas en avoir régulièrement, à moins que les langues se délient 😆.
#séviskini