
Le poisson sacré dans les cultures africaines et antillaises
La rivière de Sokotèh longue de 200 m, est située en plein centre ville de Bongouanou en Côte d’Ivoire. Dans cette rivière, les silures y foisonnent et offrent un drôle de spectacle. Les touristes et même les autochtones prennent du plaisir à les nourrir en leur jetant des friandises de tout genre. Mais, il est formellement interdit aux hommes de les pêcher et de les consommer. C’est là tout le mystère saisissant autour de cette rivière !
Selon les habitants:
“Cette rivière existe depuis très longtemps avant l’arrivée de l’homme dans ce village. C’est un puits sacré. Les villageois viennent prier les ancêtres pour résoudre leurs problèmes. Et c’est comme ça depuis toujours. Ces silures sont comme des gardiens, des ancêtres, qu’on vénère. Gare à celui qui en mange, il mourra à coup sûr ! Certains silures, les plus gros, ont parfois des cauris sur la tête”.
Du petit paysan aux grandes têtes du gouvernement, tout le monde vient visiter cette rivière afin de s’y recueillir.
Par exemple, vous vous rendez au bord de l’eau et que vous jetez de la nourriture, si les silures ne sortent pas en masse comme d’habitude vers vous, c’est un mauvais présage.
“C’est très rare mais quand ça arrive, ce n’est pas un bon signe”.

D’ailleurs, selon un légende local, des étrangers avait migré dans le village à cause de la famine. Affamés, ils avait mangé les silures de la rivière malgré la mise en garde des habitants. Le lendemain, tout les hommes sans exception qui avaient goutté la chair de ce poisson sacrés sont décédés. Légende ou pas? En tout cas, ils y croient ardemment. De plus, selon un proverbe: les légendes disent plus vrai que l’Histoire.
Le poisson sacré dans les cultures du continent
Les poissons apparaissent très tôt dans la cosmogonie égyptienne. Certains poissons du fleuve étaient respectés de leur vivant. À leur mort, ils étaient sacralisés par la momification.
C’est le cas en particulier du Lates (connu actuellement sous le nom de capitaine ou perche du Nil), dont on a retrouvé de nombreuses momies dans la nécropole d’Esna. C’était l’animal sacré de la déesse Neith, souveraine de la cité d’Esna. D’après certains textes, la déesse Neith se métamorphosa à plusieurs reprises et prit la forme du poisson.
À Thèbes, les lépidotes (Barbus bynni ou carpe du Nil) étaient ensevelis dans des petits cercueils en bois peint, en forme de poisson. C’était l’animal sacré de la déesse Méhyt, à tête de lionne.
La ville d’Oxyrhynchos en Haute Égypte doit également son nom à un poisson, l’oxyrhynque (Mormyrus kannume) qui faisait l’objet d’un culte dans toute l’Égypte. Cette espèce, reconnaissable à son museau long et recourbé et à sa nageoire dorsale très longue, était consacrée à la déesse Hathor. De nombreuses statuettes de bronze représentent ce mormyre, la tête surmontée des attributs de cette divinité.
L’oxyrhynque symbole d’Osiris également, considéré comme protecteur du mort et garant de la résurrection, a été l’un des ex-voto le plus apprécié, témoignant du désir de tout Égyptien de revivre dans l’au-delà.
En Égypte, le poisson, frais ou séché, qui était de consommation courante pour le peuple, était interdit à tout être sacralisé, roi ou prêtre.

Époque gréco-romaine, 332 av. J.-C

Le tilapia, dont certaines espèces incubent leurs œufs dans la bouche, est l’un des poissons les plus représentés dans l’art égyptien. Il fournit le motif des palettes à fard et on le retrouve peint sur des vases, ainsi que sur de nombreuses fresques. Il est associé à l’idée de fertilité et de renaissance dans l’autre monde, ainsi qu’au dieu Atoum qui prit sa semence dans la bouche et généra le monde.
L’espèce Oreochromis niloticus (tilapia) est quasiment un poisson amulette. Il est associé au concept de la vie éternelle et à ses rituels. Il protège les vivants et les morts, ainsi que les enfants des morts « dangereux » sans sépulture ou sans tombe. Abydos serait la cité du tilapia .
En Afrique de l’Ouest
L’Afrique de l’Ouest contemporaine n’est pas en reste. La sacralisation des animaux du fleuve tient au moins en partie aux services qu’ils ont rendu à des familles ou à des ethnies lors de certains épisodes de leur vie. Ainsi, une branche des Coulibaly au Mali vénère les Heterobranchus (poissons-chats) parce que ce poisson a aidé un de leurs ancêtres, poursuivi par des ennemis, à traverser la rivière.
Plusieurs espèces de poissons restent vénérées en Afrique. Mais le plus populaire est le silure, poisson à la fois commun et mystérieux, vivant dans l’ombre de la vase, robuste et capable de vivre hors de l’eau.
Chez les Dogon du Mali, la figure du héros culturel, le nommo, est susceptible de s’incarner dans un silure. La symbolique du silure préside aux principales étapes de la vie. Dans le mythe d’origine, les germes des deux premiers hommes avaient la forme de poissons silure. À sa naissance, l’enfant passe de l’état de poisson dans « l’eau-mère » à celui d’un être doué de paroles. Plus tard, il est offert à la jeune fille qui devient femme et, lorsqu’arrive une grossesse, il est considéré comme son véritable époux. Les morts, enfin, sont préparés pour ressembler à un silure et les danses rituelles lors des funérailles simulent la nage du poisson.

Dans la région de Man, en Côte d’Ivoire, les silures reçoivent des offrandes de riz. Les Man du Liberia ont à charge de nourrir les poissons sacrés, images réincarnées des ancêtres.
Dans les sociétés akan de Côte d’Ivoire, il existe également un culte des silures sacrés. Dans la rivière Stransi, près du village de Sapia, il est formellement interdit de pêcher du poisson. Il est également interdit de cultiver aux environs de la rivière. Une famille est en charge de protéger les silures sacrés. Si un silure vient à décéder, le village en est informé travers des salves de fusil. Ensuite, on retire le poisson mort de l’eau, on l’enroule dans un percal blanc pour l’enterrer au bord de la rivière.
Au Burkina Faso, le poisson-chat fait aussi l’objet d’un culte. En juin 2005, les silures sacrés d’une mare située prés de Bobo-Dioulasso ont été décimés par une eau souillée provenant d’installations industrielles. Traités comme des humains, plusieurs centaines de ces silures qui sont censés protéger la ville ont été ensevelis dans les linceuls.
Sya porte depuis la semaine dernière le deuil de ces centaines de poissons sacrés morts des suites d’une pollution de la rivière Houet.
Des rites funéraires y ont été accomplis par les notables du village et très bientôt des sacrifices seront organisés pour être en phase avec ce que nous ont enseigné bien des générations devant une telle situation malheureuse.
Seulement, je me demande si à l’allure où vont les choses, on ne se lèvera pas un de ces quatre matins sans le moindre poisson dans cette rivière. Et pour cause, sais-tu, cher cousin, que c’est la énième fois que nous assistons à un tel scénario, au point que certains à Bobo-Dioulasso soient restés indifférents lorsqu’ils ont appris la nouvelle ?
Cette même pollution, nous l’avons vécue les années antérieures avec les mêmes conséquences sans que rien ne soit fait, jusque-là, pour conjurer ce sort que ne méritent pas nos silures sacrés. La même catastrophe a été vécue il y a à peine deux ans dans le village de Samangan situé dans la banlieue ouest de la ville.
L’observateur Paalga, n° 6424 – Burkina Faso – Jeudi 30 juin 2005
Tabous et interdit
Dans certaines provinces d’Égypte ancienne, il existait un certain nombre de tabous vis-à-vis du poisson. Il était en particulier interdit dans l’alimentation là où l’on vénérait le dieu Osiris. En effet, dans la mythologie égyptienne, le corps d’Osiris découpé en morceaux par son frère Seth aurait été jeté dans le Nil. Isis, femme d’Osiris, parvint à retrouver toutes les parties à l’exception du membre viril avalé par le lépidote ou l’oxyrhynque.
Les communautés des pêcheurs créent leurs propres mondes faits d’interdits, de symbolismes et de savoirs propres. Ceci est particulièrement vrai dans les régions de pêche traditionnelle, où certains interdits coutumiers (zones, périodes et types de pêche) ont contribué jusqu’à un passé récent et contribuent parfois encore à éviter une exploitation anarchique et inconsidérée des ressources.
Au Sénégal
Les interdits sont souvent en rapport avec la gestion des pêches. Dans un pays où la saison sèche est bien marquée, il s’agit de protéger les stocks de géniteurs.
Demba Sy : « Il y a des fosses d’eau profonde où on interdit la pêche. On déclare qu’on va réserver tel endroit pendant un certain temps : on en fixe les limites, on déclare par exemple que les pêcheurs au cambal (filet maillant) ou au doolinnge (ligne à hameçons) ne doivent pas dépasser tel ou tel endroit. Ainsi, les poissons ont un endroit pour vivre. Quand les poissons se rassemblent et l’eau se réchauffe, on déclare la pêche ouverte. Ce n’est pas un seul qui décide. On fixe les dates : il y a des dates pour la mise en réserve du fleuve. Celui qui ne les respecte pas va créer des disputes. »
Demba Traore : « Autrefois, quand on allait pêcher dans les mares, les cordonniers n’y allaient pas, ni aucun vêtement rouge. Ce sont là les interdits de la mare. Si on va à la mare avec quelque chose de rouge, les poissons disparaissaient, on ne les voit plus. Un nouveau marié ne doit pas y aller non plus. Nous avons abandonné toutes ces choses en disant que ce sont des mensonges ; les poissons sont partis. »
Parole de pêcheurs Sénégal – 1996
Au Bénin
Sur les lacs Ahémé, Toho, Nokoué et dans la zone lagunaire, il existait autrefois un arsenal d’interdits et de règlements, un véritable code moral qui permettait, selon les plans d’eau, d’éliminer les techniques et les engins dangereux afin de ménager la faune ichtyologique et de préserver la ressource. Ainsi il y avait des engins et des techniques de pêche prohibés (Pliya, 1980) :
- le djetowlé : quand un pêcheur jetait son filet, il ne devait pas descendre dans l’eau pour essayer de capturer les poissons qui cherchaient à s’échapper en s’enfonçant dans la vase ;
- l’amedjrotin : qui signifie littéralement « l’arbre de l’étranger », assemblage de branchages feuillus dont le pourrissement attire certaines espèces de poissons qui y élisent domicile ;
- la palangre : munie d’une multitude d’hameçons, elle provoque des accidents graves et était formellement interdite ;
- l’épervier, ainsi que tout engin muni de plomb sur le lac Toho, etc.

© IRD/C. Levêque
Sur le lac, nul ne devait siffler durant la traversée, qu’il fut pêcheur ou non. Toute infraction était, d’après la légende, sanctionnée par une attaque de crocodile. Par ailleurs, deux jours par semaine étaient traditionnellement réservés au repos, et des zones étaient déclarées protégées et d’accès interdit.
Le but des interdits était de lutter contre la surpêche, dont on avait conscience depuis longtemps malgré l’abondance des poissons. La sanction des vodun était graduée pour les contrevenants : d’abord une mise en garde, puis des amendes, puis la flagellation. En cas de récidive, on saisissait les engins prohibés, puis les filets et la pirogue du récalcitrant.
Lorsqu’un coupable ne s’amendait pas, on finissait par le confier au « Dangbé Honsou », le Dieu protecteur, qui châtiait durement les délinquants qui mourraient noyés s’ils n’avouaient pas leur forfait à temps. La crainte des sanctions maintenait en respect ceux qui risquaient de compromettre la pêche. Puis, peu à peu, la rigueur traditionnelle s’est relâchée, supprimant les freins classiques à la surpêche et au désordre.
La panthéon des fleuves et des lacs
Dans le panthéon africain, les eaux sont peuplées de génies plus ou moins bienveillants.
Parmi eux, Mami Watta est la Mère des eaux, mi-femme mi-poisson, mi-terrestre mi-aquatique, déesse du culte vodun au Togo et au Bénin, esprit de l’eau craint par les pêcheurs du Nigeria et du Ghana, mangeuse d’hommes qui erre dans la nuit africaine sous les traits d’une revenante. Mami Wata est une divinité vénérée dans des cultures et des peuples aussi divers que les Ibo du Nigeria, les Ewé du Bénin, les Bamiléké du Cameroun et les Kongo de la République démocratique du Congo. Cependant, elle est l’objet de cultes différents selon les ethnies, les croyances, mais aussi les milieux sociaux.
Afin d’approfondir ce sujet, vous pouvez lire: Le culte de Mami Watta
Au Sénégal
Les grands cours d’eau sont habités par un esprit ou totem, à qui il faut faire des offrandes régulières pour implorer sa clémence. Ainsi, dans la ville de Saint-Louis au Sénégal, Mame Coumba Bang est le totem du fleuve et de la ville.

Masque guro. Milieu du xxe siècle. Côte d’Ivoire. Bois, peinture.
Diabé-Sow : « Les poissons vivent avec le muno, le djinn des eaux. Le muno est le berger des poissons. Certains poissons, si tu les prends sans savoir comment conjurer le mauvais sort, cela te portera malheur. Cela se répercutera sur tes enfants : tu auras peut-être des enfants paralysés, à grosse tête ou sans jambes ; tout cela est causé par des poissons.
Parole de pêcheur, Sénégal – 1996
Avant, chaque village offrait chaque année un sacrifice au génie du fleuve. Certains sacrifiaient un dogoore, c’est-à-dire un bouc ; certains des poulets. Chaque village qui faisait un sacrifice avait du poisson en abondance. On amenait beaucoup de poissons sur les berges : les Somono en attrapaient, les pêcheurs à la ligne en attrapaient. »
Au Mali
Dans le delta central du Niger, dans la cosmogonie bambara et bozo, le génie des eaux est Faro. C’est un djinn androgyne qui peut prendre toutes sortes de formes humaines ou animales. Il a une tête humaine et un corps de poisson. Mais le Faro se présente parfois sous l’apparence d’une femme à peau blanche agréable à voir, aux seins droits, au ventre dépourvu de nombril. Il peut aussi prendre la forme humaine pour aller au marché acheter des tomates dont il est très friand.
Le Faro est propriétaire de tout ce qui vit dans l’eau. Il a placé des génies en tous lieux. Partout sur les rives, il y a des lieux de culte, les faronty, où on réalise des sacrifices (mil, lait, poulets, béliers, etc.).
Chaque région est habitée par un génie qui vit au fond de l’eau avec femmes et enfants dans des villages semblables à ceux des hommes ; chacun d’eux porte un nom personnel connu du seul sacrificateur accrédité par le chef religieux de la région. Certains génies sont débonnaires, d’autres sont irrascibles. La plupart des accidents survenus à la pêche ou sur l’eau sont dus à la colère des génies attisée par des ruptures d’interdits. Car l’eau, le poisson, tout est la propriété des génies.
Les Bozo reconnaissent une sorte de parenté avec Faro, ce qui permit un accord entre eux : « je vous autorise à vivre du produit de votre pêche à condition que vous occupiez seulement les lieux que je vous indiquerai ». En contrepartie de cette licence, les Bozo doivent au génie des offrandes régulières et le respect absolu d’un certain nombre d’interdits. Faro a pour serviteur le crocodile, et c’est par son intermédiaire qu’il punit les hommes coupables de négligence dans le culte qui lui est dû.
En Côte d’Ivoire
En Côte d’Ivoire, les génies peuplaient la lagune. Roches, hauts-fonds, limites entre villages portent encore le nom de ces divinités qui semblent avoir eu des interlocuteurs attitrés ; ceux-ci intercédaient auprès d’elles au nom du groupe local ou lignager qui demandait à exploiter la zone concernée.
D’autres divinités étaient dotées de pouvoirs moins territorialisés mais redoutables. Ainsi, la grande saison de pêche, qui débutait avec la grande saison des pluies (mai), donnait lieu à une cérémonie d’ouverture dont étaient chargés les prêtres de Tefredji, village « mère » du groupe ethnique réputé le plus ancien. Gun-kuala, le génie « baleine », blotti au fond de la lagune, retient jusque-là les poissons dans son ventre « monstrueux ».
Une pirogue est envoyée à sa rencontre dans laquelle ont pris place un officiant et un joueur de tambour. Après que le prêtre ait appelé le génie et que sa devise ait été jouée par le tambourinaire, une offrande composée principalement de viscères de chien est traînée derrière la pirogue, puis lâchée tandis que les piroguiers doivent pagayer très vite et ne pas se retourner.
Sorti de sa léthargie par cet appât dont il est friand, le génie remonte à la surface pour s’en emparer, libérant ainsi les poissons qu’il avait retenus captifs pendant toute la saison sèche. Alors la grande saison de pêche peut commencer.
L’appropriation du poisson par les hommes est ainsi tributaire d’un ordre établi entre eux et les « forces » monstrueuses. Le génie a un pouvoir avec lequel il faut composer. Il est considéré symboliquement comme le quasi-géniteur des poissons. Il faut avoir recours à la ruse et à la médiation par des personnes autorisées à intercéder auprès du génie.
Aux Antilles
Antan lontan, aux alentours de l’anse Couleuvre, les pêcheurs considèreraient comme une faute grave de ne pas rejeter à l’eau, et surtout de faire cuire, un beau poisson blanc fileté d’or qu’ils appellent le bon Dieu Mariyan. Après quelques recherches, j’ai retrouvé un conte de notre enfance qui retrace l’origine du bon Dieu Mariyan selon notre imaginaire collectif.
Dans cette mer vivait un petit poisson. On le nommait Mariyan Tètfè. Son nom véritable était Mariyan, Tètfè n’étant qu’un surnom. D’ailleurs, si depuis, tous les mariyans traînent ce sobriquet, c’est à cause de lui.
Il vivait comme tous les poissons dans la mer, affectionnant plutôt la zone des récifs, refuge facile gueules ouvertes. Donc Mariyan Tètfè ne s’aventurait guère au-delà du seuil de sa maison.
Chaque matin, chaque soir Père et Mère lui répétaient ces mots:
–Fils! Dis-moi le piège de la mer?
-C’est la nasse, Père, c’est la nasse, Mère!
Et pourtant, le sens de ce discours lui échappait totalement. Cela lui entrait par une oreille et sortait par l’autre. Avait-il seulement jamais entendu? Insouciant, il s’éloignait bien vite.u
Un jour alors qu’il se promenait, il vit un objet métallique. Notre explorateur découvrit enfin un passage et s’y engouffra. C’était là l’ouverture. Une sorte d’entonnoir qui se prolongeait jusqu’au ventre de la boîte en un corridor sinueux. Ce corridor, lui-même après un virage aboutissait au-dessus d’une salle bourrée de nourriture. L’affaire était dans le sac. Mariyan Tètfè!
La femme du pêcheur commençait à écailler le poisson, mais avant de lui fendre le ventre, elle le rinça dans son coui. C’est ce qui sauva Mariyan! Il se jeta à droite, à gauche, tourna, se tordit, se retourna, glissa, et en quatre coups de reins fusa dans l’immensité bleue. Il était sauvé!
Il était désemparé car il avait froid sans ses écailles. Il rencontra un poisson-coffre qui le conseilla de consulter le Grand Sorcier Pabelpyès. Sa maisons était dans la région de Détoulanm, dans les varechs du côté des Fonds Blancs, là où les oursins viennent se gaver.
Après plusieurs rencontres et péripéties, Tètfè nagea de nuit comme de jour pour rencontrer la vache de Mer. La vache de mer lui dit:
–Crois-moi! Sur la terre, le lait des vaches tourne. Le mien te tourne l’esprit, mais afin que tu apprennes ce que tu ignores. Veux tu le boire pour qu’il te repousse des écailles? Cette parabole au précieux lait t’ouvrira les yeux. Ce n’est pas un punch. Il a le pouvoir de te montrer ce que ton nez n’a point flairé. Tu le bois par l’oreille comme par la bouche, pour toucher avec ta tête, sentir avec tes mains. Quand tu l’auras bu, pour toi, tout changera. C’est le véritable lait de la Connaissance.
Ta tête fut si longtemps de fer! La parole ne pouvait y pénétrer, une tête trop dure! Bois, Mariyan, bois mon fils et quand tu seras rassasié, je t’apprendrai à te défendre. Du métal de ta tête, je te ferai des écailles, grâce au lait elles pousseront bien. De part et d’autre de ta queue je te poserai des outils pour guérir et soigner les autres.
A cause de ses mésaventures, Tètfè n’avait plus rien d’un Mariyan. Il devint docteur, un vrai chirurgien. Ainsi, naquit cette race de poisson. Un fils du Génie de la Mer! Dès lors, devenu Chirurgien, il guérit les uns et les autres et peut même avec succès soigner les diabétiques. Il est tout nu mais plein d’expérience.
Nous retrouvons une symbolique autour du poisson qui se retrouve également dans les cultures ancestrales de nos aïeuls avec des interdits. Peut on suggérer à travers ce conte un reliquat de ce symbolisme ?
Afin de le découvrir il faudra nager nuit et jour comme Mariyan Tètfè pour remonter à le cours d’eau Nanni nannan.
Sources:
–Témoignage d’un mon guide au Domaine Bini lagune en Côte d’Ivoire
-Poissons d’Afrique et peuples de l’eau, de Didier Paugy, Christian Levêque et Isabelle Mouas.
–Life magazine
–Le Génie de la mer : contes marins des Antilles de Térèz Leotin
-Magie antillaise d’Eugène Revert
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La géomancie Afà est l`encyclopédie du Vodu comme la Torah l`est au Judaïsme. Le signe de votre Fa-destin vous donne un code de vie à travers ses mythes et ses allégories. Toute la littérature structurale du Vodu, les statuettes, les masques et autres représentations de divinités restent muettes. Il y a que la tradition orale, emmagasinée dans la memoires de nos Vieux, qui permet de donner un nom aux signes du Fa ou à les vocaliser.
Basile Goudabla Kligueh, docteur en lettre, anthropologue et prêtre vodu explore à travers son ouvrage les origines du Vodu ainsi que ses similitudes avec la Torah. Un livre riche et fascinant qui nous offre un autre regard sur notre héritage ancestral. Qu`on le veuille ou non, on nous a aussi volé notre identité spirituelle.
Les mystères occultes des îles, tome 2 est le recueil des témoignages de 2022 avec quelques explications.
Bonne chance 🙌🏼
#jeuconcours
Merci à l`abonnée avec qui j`ai eu un fou rire en me décrivant cette scène lorsque nous allons faire des bains en invoquants les esprits et la parole de Jézikri.Elle me disait :
"Non mais imagine le bordel dans le monde invisible. Genre il y a Jésus, Legba, Agwe etc en mode, les gars ! Qui y va han ? Les ancêtres répondent flemme tandis que Jezikri se dit merde ".
Est ce une critique ? Oui mais avec humour ! Moi aussi j`ai eu ma periode dans l`entre deux. Ki sa man ka fè ? Man té pè. Le chemin que j`ai choisi n`a pas été facile. Je doutais énormément mais au final ce fut formateur car maintenant je m`autorise à me faire confiance...
Le syncrétisme a toujours existé. Par exemple, le vodou haïtien est un syncrétisme de plusieurs spiritualités africaine avec la spiritualité taïnos. Maintenant faut il remettre en question un syncrétisme né de 4 siècles de lavage de cerveau ? À vous d`en juger.
Illustration de @rcrow_n 🤩
#fokousav #caraïbe #sonjé #antanlontan #laquimboiserie #vodou #spiritualité #mystèrespéyi #caribbeanpeople #antilles #antillais #commemoration
Gary Victor @garyvictor7 est un talentueux écrivain haïtien que j`admire énormément. J`adore sa plume et son imagination débordante. D’ailleurs qui m`inspire lors de mon processus d`écriture. N`hesitez pas à plonger dans son univers sarcastique, cruel, envoûtant et plein de vie.
Jusqu`à maintenant je n`arrive pas à choisir mon ouvrage préféré. Mais je dois admettre que j`ai une faiblesse pour les cloches de la Brésilienne et le diable dans un thé à la citronnelle.
Si vous êtes à la Martinique, vous pouvez retrouver certains de ses livres à la librairie @la_boite_a_plumes au Diamant.
#litterature #littératurehaïtienne
#garyvictor #booklover #instabook #livres #books #livrestagram
Quand un défunt vient vous voir faut pas oublier de se purifier après : bain de mer ou un bain de plante (sel, basilic et citron). C`est important pour nettoyer ce que le defunt à apporter. N`hesite pas non plus à brûler de l`encens.
Certains défunts demandent du rhum en libation...alors que bon nombre d`entre eux ont souffert dans une Distillerie. Sé an bagay man pa ka konprann ? Mais en soit l`alcool active, transmute quelque chose...c`est seulement le rhum qu`ils avaient connu. La terre se nourrit d`eux pour faire pousser la canne. Cependant l`argent ne va pas dans nos poches.
#sonjé #fokousav #martinique #commémoration
Oh mon beau miroir ! Soit le reflet de mon âme.
Comme nous le savons hein Erzulie Freda est le lwa de l`amour, coquetterie, du sexe, de l`abondance, etc. Son attribut est le miroir, car quand la Maîtresse arrive, elle adore se comtempler et même se dévorer du regard.
Sincèrement pour ma part, quand elle me chevauche, j`ai une tronche de bwabwa avec un œil qui part à l`ouest et l`autre a l`est 😅. Du coup, il y a une petite friction entre nous car elle veut s`admirer avec amour tandis que je ne veux pas voir mon visage de tèbè...
Bref, après notre cancan car oui nous sommes têtues, je me suis enfin regardée dans le miroir, et ce fut à ce moment que j`ai compris certaines choses.
Prendre soin de soi, être fringuant, s`admirer ou encore embrasser son reflet est loin d`être narcissique ou égocentrique. Dans tout chose, il faut toujours trouver un juste milieu pour ne pas être dans l`excès.
Se dorloter est symboliquement prendre soin de son âme. Conforter notre essence divine dans son enveloppe physique, c`est bel et bien s`ancrer, s`imposer et même briller malgré nos imperfections comme ils disent. Soit une mètres fanm !
Même si on te dit que tu as une tête de balarou frit mais que tu sais comment piocher dans cette énergie, ressentir et vibrer avec, sache que même ceux qui n`aime pas ton style ou autre, ne pourront pas "résister" (je sais c`est un grand mot mais qui a son importance) à ton magnétisme.
La séduction passe aussi par les énergies, mais le reste aussi dépendra de ta personnalité, etc. Si ou kouyon, ma foi....😅sé pa ayen i pé fè ba`w.
Ayibobo
Note : Cet ecrit est mon approche envers ce lwa. Chacun vit son lien à sa manière.
#fokousav #vodu #erzuliefreda #vaudou
Mé zanmi, l`heure est grave !
La natalité de notre île bien aimée diminue chaque années. Des femmes commencent à se vouer au Lwa Erzulie Freda ou même Manman Brijit pour retrouver leur jouissance d`antan, sieuuu yo danjérèz. Des hommes sont en quête de koukoun tout koulè tout en deviant les ponts.
Hélas à force, il perdent leur splendeur d`antan car oui koké bon, fout i bon mais précaution. Dèlè yo ka pati fè an kèt pou dékoké yich moun-lan 🤣bref.
Que ces élixirs vous aideront à honorer vos maîtresses, vos amants an ba fè`y, votre femme ou votre époux, en vrai, nou san fouté épi ki moun ou ka fè zafè`w dépi ou kontan épi ou sav bien sa ou ka fè.
#fokousav #rimèdanbafey #plantes #médecinetraditionnelle #plantemédicale #pharmacopée #nature
Ai je profité de la veillée funéraire de ma grand-mère maternelle pour faire cette petite enquête ?
Oui, je le confesse😅c`était plus fort que moi surtout que j`étais là de la découverte du mort jusqu`à l`enterrement.
Franchement les veillées martiniquaises surtout chez le défunt dégage une espèce de vibes avec tout son lot d`exageration, de vwéyé monté, de paroles en soumsoum etc. Mais le plus surprenant et en même temps tellement courant sont les manifestations du défunt.
Et cette fois çi pendant un bref instant, point de Jezikri pour expliquer cela ou pour prendre en charge le passage du defunt...
#fokousav #laquimboiserie #antilles #carribean #sonjé
Koté ou yé ?
C`est une question qui m`a torturé l`esprit après la mort de mon grand-père maternelle, le poto mitan de ma vie et de mon esprit.
Celui qui m`a éduqué et soutiré dans un silence apaisant. À quoi bon parler quand sa présence et ses gestes témoignaient son amour pour moi.
Il est mort 1 mois jour pour jour avant mes 18 ans. Jusqu`à maintenant je regrette de ne pas lui avoir tenu la main jusqu`à son dernier souffle. Au lieu de rester avec lui, j`ai fui dans les soirées, l`alcool et j`en passe pour ne pas penser à son départ imminent.
Puis j`ai dû affronter son absence qui m`a plongé dans une terrible détresse psychologique. Heureusement, j`ai eu mon yich qui est née 1 mois jour pour jour après l`anniversaire de mon papi (la belle coïncidence)
Pendant des années, je l`ai cherché car chez nous, les défunts nous rendent visite en songe.
Hélas il n`est jamais venu alors que je l`appellais. J`avais besoin de savoir si il allait bien. Ou si il cheminait avec moi même de l`autre côté.
Je le confesse, c`est d`ailleurs pour cette principale raison que je me suis initiée dans le vodu. Oui pour le retrouver car j`en avais désespérément besoin.
Ma joie fut tellement immense quand il vint enfin vers moi après mon initiation. Man pléré bon dlo ! J`avais enfin l`occasion de lui dire tout ce que j`avais sur le coeur depuis plus de 14 ans, même si il le savait déjà...
Kwa senbo
Après sept jours sans se laver
Une fois que le sang a coulé
Et que la lune veut monter,
Sans savon, frottez, nettoyez
Le creux de votre intimité.
Puis dans un récipient versez
L`eau trouble et sale récoltée.
Sept jours durant il faut laisser
La crasse grise se déposer.
Puis la fleur du corossolier
Et noix de muscade ajoutez.
Lors de sept jours encore attendez
Et faire boire à l`être aimé
Curieux liquide macéré.
Avec le reste bien humecter
Votre corps nu en son entier.
Ainsi viendra sans hésiter,
Le soupirant tant désiré
Déposer son cœur à vos pieds.
Alors heureuse, vous vivrez
Comblée et sans jamais manquer
De bonheur et félicité.
Extrait du livre Dlo coucoune de Laurette Mas-Camille.
Tjenbwa pou lanmou, sé an bagay ki toujou la ! Mais fort heureusement, les mentalité changent et l`estime de soi est proné.
#fokousav #laquimboiserie
Man té ni sa pou di zot !
Je commémore avec respect, mais ne compte pas sur moi pour te raconter ce qui se passait dans l`habitation de ces yich kòn. Même en ayant du kaka zié, ou ja sav konpè.
Je ne veux plus que mon histoire se résume à cette époque de déracinement. Malgré ce dépouillement de soi, ils ont laissé des fragments de leurs mémoires.
Mais pour le voir, il faut déjà brûler le champ de canne dans ta tête.
Alors konpè, tu préfères quoi ?
Faire ton woulélé comme un nèg mawon tous les mois de mai, car le maître te l`autorise, puis reprendre le coutelas afin de les aider à rentabiliser leurs champs de canne ?
Ou tu vas prendre leur rhum de merde, puis imbiber tout ton champ avec. Et incendier la plantation pour renaître encore une fois.
Tes aïeuls sont morts pour renaître, mais toi, est ce que tu veux prendre ce chemin ?
Ne crois pas que tu seras tout seul dans cette affaire konpè ! N`oublie pas zansèt pa ka mò.
#fokousav #martinique #guadeloupe #sonjé #commémoration #guyane #africanheritage #caribbean
De nos jours, le tjenbwa a bon dos ! Avant d`accuser untel, regarde d`abord si le trouble ne vient pas de toi, tonnè !
Avoir la capacité de prendre du recul sur ses actes, choix, etc est le meilleur moyen de péter ses chaînes mentales pour mieux solidifier notre société tjerbolizé.
#laquimboiserie #sonje #fokousav #tjenbwa
On porte le poisson dans nos bijoux et nos vêtement depuis toujours .
Pendant les mariage.,il y a des rituels avec le poisson .les futurs mariés doivent enjamber un grand poisson 7 fois .(tunisie)
Merci pour les informations.