langue africaine

La diffusion des langues africaines, source de contradiction


L’Afrique a toujours été une société à tradition orale. Dans une telle société, les gardiens de cet héritage sont les traditionalistes d’une part, qui sont chargés de transmettre des connaissances contrôlées  par le comité des sages, et d’autre part les griots qui eux sont à la fois généalogistes, historiens et poètes .

Malheureusement, la tradition orale ne permet pas l’établissement d’une chronologie. En effet, cela pose de nombreux problème aux historiens et qui entraînent des contradictions dans les théories.
Pour pouvoir esquisser une thèse sur l’origine et la diffusion de cette grande langue africaine(bantou) qui regroupe 450 langues africaines et est diffusé dans toute l’Afrique, nous allons aborder deux grandes théories contradictoires. Bien que je sois en accord avec la première hypothèse, mais ouverte aux autres théories car je ne suis pas une linguistique, historienne professionnelle, etc.

Diffusion des langues africaine à partir du Nil

L’un des plus grand penseur du continent africain, Cheikh Anta Diop postule et confirme le peuplement de l’Afrique à partir de la vallée du Nil. Cette théorie ébranle le concept d’une Egypte ancienne blanche et issue des cultures étrangères du continent africain. 
Afin d’élaborer cette théorie, cet historien a du prendre le chemin de la pluridisciplinarité.

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Les légendes

De n’importe quel côté du continent, Cheik Anta Diop a constaté que les légendes relatent les origines d’un peuple en Afrique Noire dans la vallée du Nil. En Afrique occidentale, les peuples diront qu’ils viennent de l’Est et que leurs ancêtres avaient trouvé des Pygmées dans le pays.

Les différentes grandes communautés : yoroubas, dogons, fang, zoulous etc se souviennent de leurs originies dans la vallée du Nil. De plus, dans toute l’antiquité, les Nubiens et les Ethiopiens ne s’étaient jamais donné une autre origine que locale, ou un peu plus méridionale. En sachant, que l’Egypte ancienne a pour origine la Nubie.
Selon les récits historiques, l’archéologie etc, les Pygmées serait le premier peuple à occuper l’intérieur du continent, à une certaine époque. Et à l’exclusion des nègres de grande taille.

La toponymie

La toponymie étudie les noms propre désignant un lieu. Elle se propose de rechercher leur ancienneté, leur signification, leur étymologie (leur origine), leur évolution, leurs rapports avec la langue parlée actuellement ou avec des langues disparues, mais aussi les contextes et motivations de leur détermination et leur impact sur les sociétés. 

Grace à ses recherches sur l’analyse ses noms totémiques de clans (un concept anthropologique qui désigne un mode d’organisation social et religieux, clanique ou tribal, fondé sur le principe du totem) que portent tous les Africains soit à l’état collectif, soit à l’état individuel suivant le degré de dispersion, il a pu certifier sa théorie. 
En effet, en remontant la filiation des différents peuples nègres dispersés a travers le continent, il constate que l’origine est dans la vallée du Nil

L’origine égyptienne des Yoroubas

Parmi touts les peuples africains dont la filiation est la vallée du Nil, nous allons prendre pour exemple le peuple yoroubas. Car l’origine d’une grande partie des esclaves des Antilles étaient des Yoroubas, d’où mon affinité pour cette communauté.

Le livre The religion of the Yorubas (1948) , J. Olumide Lucas un prêtre nigérian, retrace l’origine égyptienne de ce peuple à travers 4 thématiques:
-Similitude ou identité de langue
-Similitude ou identité de croyances religieuses
-Similitude ou identité d’idées et de pratiques religieuses
-Survivance de coutumes, de noms de personnes, de lieux , objets..etc

Similitude ou identité de langue

Voici quelques exemples de mots communs à l’égyptien et au yorouba, en sachant qu’il y’a de nombreux mots communs.


– ran = nom
– bu = nom de lieu
– amon = caché
– miri = eau
– ha = grande maison
– hor = être grand
– fahaka = poisson argenté
– naprit = graine

Similitude ou identité de croyances religieuses

D’abondantes preuves des rapports intimes des anciens Egyptiens et des Yoroubas peuvent être apportés dans ce chapitre. La plupart des dieux furent bien connus des Yoroubas à un certain moment. Parmi ces dieux sont Osiris, Isis, Horus, Shou, Sout, Thot, Khepru, Amon, Anou, Khonsou, Khnoum, Hathor etc.
La plupart des dieux survivent sous leur nom ou sous leurs attributs ou sous les deux.

On retrouve la divinité lunaire Khonsou chez les égyptiens mais aussi chez les yoroubas sous le nom Osou = la lune. En sachant que chez les Yoroubas, l’occlusive kh n’existe pas. Si kh est suivie par une voyelle dans un mot qui n’est pas monosyllabique, kh disparaît comme le mot Osou.

Le dieu Amon existe chez les yoroubas avec le même sens qu’en ancien égyptien, amon = caché. Le dieu Amon est un des premiers dieu connus des yoroubas et les mots, mon/mimon = saint, sacré, en yoroubas dériveraient probablement du nom du dieu Amon.

Similitude ou identité d’idées et de pratiques religieuses

-l’idée d’une vie future et celle d’un jugement après la mort

-la déification du roi

-l’importance accordé aux noms

-la forte croyance en une vie future

-la croyance à l’existence d’un esprit-gardien qui n’est qu’un aspect du Ka

Le Ka représente le double immatériel de l’être et incarne les forces vitales de chacun. Le mot appartient a une racine qui signifie ‘nourriture” et dont le hiéroglyphe s’écrit à l’aide de deux bras levés.

D’après les légendes du peuple yoroubas, il se serait installé dans son pays actuel à une époque relativement récente, après une émigration d’Est en Ouest.
Etant très attaché aux légendes, j’ai constaté que beaucoup de légendes se sont très bien transmises (à quelque détails près) à travers de nombreuses civilisations. De ce fait, je ne suis pas étonnée des similitudes entre les peuples africain et l’Égypte. Bien que je ne sois pas une grande spécialiste, j’ai la conviction que la théorie de Cheik Anta Diop soit bien vrai. Et j’espère que les historiens vont continuer à enrichir ce bel héritage afin que l’africain de demain, ne regarde pas ailleurs car il a déjà tout ce qu’il lui faut pour avancer et rayonner.

Diffusion des langues africaines à partir de la côte ouest

Selon plusieurs historiens, l’origine commune des langues africaine est la langue bantoue qui émergea entre le Cameroun et le Nigéria.
Cette zone se nomme le “Grassfields” et se situe sur des hauts plateaux volcaniques.

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L’expansion

Il y a au moins 32 000 ans, ce site a abrité des chasseurs-cueilleurs. Par la suite, il y eu l’apparition de la fabrication d’outils bi-faciaux et polis dans cette communauté. Puis débute le développement de la céramique qui est probablement dû à l’arrivée d’une nouvelle population. Ce nouveau croisement a introduit dans la linguistique les langues Bénoué-Congo. Ceci donnera naissance au cours des deux millénaires suivant au pro-bantou. Le pro-bantou est la langue d’origine de toutes les langues bantoues actuelles.

Vers 3500-3000 avant le présent, la sédentarisation entraîne au fur et à mesure une migration lente de la population au nord-ouest. Cette population utilise de la céramique et des outils polis. Puis vers 3000-2500 ans, les populations bantoues se propagent vers le sud suite à un événement climatique.

Puis ces populations divergent de part et d’autre du continent pour former différent groupes : “Bantou de la côte occidentale”, “Bantou orientale ” et “Bantou de l’Afrique australe”. Les migrants sont rentrés en contact progressivement avec des chasseurs-cueilleurs autochtone. Selon les analyses génétiques, les Bantou prenaient pour femmes les pygmées*. En effet, les pygmées ont joué un rôle important dans le peuplement de l’Afrique centrale.

Les différentes découvertes archéologiques montrent que les “migrants” se nourrissaient de la culture de l’igname, le mil à chandelle (céréale) et la banane. Egalement de l’élevage de chèvres. Ensuite il y a eu l’évolution des activités métallurgiques par la céramique, les haches polies… Les traditions céramiques sont attestées à partir de 2600 ans avant notre ère (bien qu’il eut des découvertes au Gabon qui date de 3400 ans.)

Au fil du temps, les populations bantou fignolent leurs différents savoirs faire. Leurs productions sont devenue authentiques, minutieuses et chargés de symbolique.

Mais malheureusement, l’archéologie et les autres disciplines ne permettent pas de mettre à jour les 8 siècles précédent l’arrivée des premiers colons.

Contradiction

Comme vous l’aurez constaté, il y a deux théorie diamétralement opposés géographiquement . Néanmoins, le site Les Bantous apportent des éléments très intéressant afin de résoudre cette incertitude:

Le climat de l’Afrique dans une région comprise entre le Sahara et la zone équatoriale très étendue, était très humide il y a huit ou dix mille ans. 
De ce fait le mode de vie des bantous  était étroitement lié à l’eau. Le développement des civilisations de pêcheurs a été daté entre 8000 et 5000 avant J.C, le long du moyen Nil et dans le sahara. On a même retrouvé la trace des bantous au nord du continent africain tant à l’Ouest qu’à l’Est. En effet, le saharien mésolithique d’Asselar était un noir de type bantou. En outre, les vases trouvés dans l’Aouker préhistorique (aujourd’hui la Mauritanie) d’après H. Laforgue et Vaneleshe ressemblent en tout point a ceux qui sont encore utilisés aujourd’hui par les Noirs du sud. Les vestiges d’harpons en os et la poterie suggèrent des activités de pêcheurs encore tributaire de la chasse et de la cueillette.

Puis à partir de 5000 avant J.C. le climat devient aride entraînant un abaissement des niveaux des lacs, modifiant ainsi le modèle économique fondé sur l’exploitation des ressources naturelles, surtout aquatiques, à savoir la chasse, la pêche et la cueillette. Les conséquences de cet assèchement furent les suivantes :

-La migration des populations qui vivaient dans cette zone, parties vers le sud,  à la recherche de l’eau.
-Générer une véritable mutation du peuplement de l’Afrique.

Les populations noires à cette époque étaient les descendants de l’empire kouchite. Elles se sont déplacées pour la plupart vers les zones sédentaires et certains oasis du nord du Sahara. Tout au long de cette migration, le peuple bantou a développé plusieurs civilisations due au fait que chaque groupe ou groupuscule qui s’implantait sur un fief essayait d’adapter ses us et coutumes aux réalités locales. La civilisation résultante n’était alors rien d’autre que le syncrétisme entre la culture acquise des bantous  et les nouveaux milieux et contacts. Cette dispersion des bantous s’est déroulé sur une très grande échelle d’espace et de temps à cause de la grande foret équatoriale qui constituait un obstacle plus difficile à franchir car exubérante et impénétrable. Les bantous ont due emprunter les voies de moindre résistance que constituaient les cours d’eau tel que la Sangha et L’oubangui. Cette migration n’était pas encore achevé à la fin du 19ieme siècle.

Conclusion

Comme vous l’aurez constaté, je suis convaincu par la théorie du grand Cheik Anta Diop, néanmoins je reste ouverte à d’autres conclusions. Car l’Afrique regorge toujours de preuves archéologique et qui peuvent bouleverser notre vision, en espérant qu’elles attestent l’oeuvre de ce grand penseur africain.

Sources:
-Cheik Anta Diop
-L’Afrique ancienne de François Xavier Fauvelle
-Les bantous



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