la fusillade du diamant

La fusillade du Diamant


Le nouveau gouverneur Henri Richard commença la répression en avril 1923. De 1924 à 1926 déferleront sur la Martinique avec une intensité jusqu’alors jamais atteinte le déchaînement de la fraude électorale, l’intervention directe et souvent brutale du gouverneur dans les élections pour faire élire ses poulains, le déplacement et les sanctions contre les fonctionnaires engagés du mauvais côté, et même l’assassinat politique et le massacre des électeurs.

Les deux épisodes les plus marquants de cette violence officielle sont:
L’assassinat de Charles Zizine et de Louis des Étages à Ducos le 24 mai 1925.
La fusillade du Diamant qui, le même jour, a fait 12 morts.

La fusillade du Diamant (12 morts)

A l’extrémité sud de l’île, au Diamant, en plein bourg, la troupe (une quinzaine d’hommes) tire au mousqueton dans la foule des électeurs: douze mort, huit bléssés. Parmi eux, le colonel en retraite de Coppens, un blanc; conseiller général lémeriste, tête de liste au Diamant, “tué par erreur”. Une bavure! Sans châtiment.

Quatorze morts, autant de bléssés en un seul jour, le Gouverneur Richard pouvait se féliciter d’avoir “fait un carton”. Un record dans l’histoire politique de la Martinique. On dira désormais “faire les élections à la Richard”.
C’est à ces élections municipales de mai 1925 que le groupe Jean-Jaurès présenta à Fort de France, pour la première fois, une lite de douze candidats sous la dénomination du “Bloc Ouvrier et Paysan”.
On y trouvait Jules Monnerot, Joseph Del, Sophrone Richard, Joseph Adami, André Aliker, Léopold Bissol, Guillaume Jean François, le Docteur Juvénal Linval, Raphaël Laurent, Antoine Sivatte, Albert Tramis, Camille Valère. Elle n’obtint que 88 voix.

La terreur continua après le scrutin qui, évidemment, donna la ictoire aux radicaux lémeristes, poulains de Richard. “Justice” du 22 juillet 1925 dépeint l’atmosphère tendue d’après crime:

“Il y a le grand nombre des victimes de l’arbitraire, des électeurs condamnés par fournées sous prétexte d’outrages à agents et de port d’armes prohibées; des militants emprisonnés par paquets sous prétexte de rébellion, dix citoyens du Diamant incarcérés, parmi lesquels des vieillards qui n’en peuvent mais, des syndiqués de l’enseignement et des contributions traqués pour avoir assisté à une réunion politique, l’ancien député Lagrosillière embastillé depuis deux mois…”.

Ce déferlement de tueries et de violence suscita un tollé dans la presse et les milieux politiques français. Les uns se félicitaient de la fermeté du gouvernement et demandaient la suppression du Suffrage Universel. Les autres dénonçaient les crimes et s’en prenaient au gouvernement qui les couvrait.
Cela faisait trop de bruit. Le Ministre des Colonies rappela en France le Gouverneur Richard en le décorant de la croix d’Officier de la Légion d’Honneur pour ses bons et loyaux services.

Le départ du chien-fer

Le 22 août, vers 16h Richard s’embarquait sur le paquebot “Pellerin de Latouche”, salué par sa cour de flagorneurs et par les bénéficiaires de ses exploits.
Mais sourire et courbettes furent interrompus par 5 balles de révolver qui abattirent le gouverneur Richard et le blessèrent grièvement. C’était Maurice Des Etages (20 ans), le fils du maire de Rivière-Salée abattu à Ducos, qui, exaspéré par le non-lieu en faveur de l’assassin de son père, faisait justice lui même.

Richard échappa à la mort, rentra en France, devint administrateur d’une Banque Coloniale, mais décéda de ses blessures, 6 ans après. Maurice Des Etages, entouré de la sympathie populaire, fut acquitté par la Cour d’Assises.
Tout au cours de cette période sanglantes la résistance s’organisait contre les méthodes Richard. Des syndicats voyaient le jour: celui des marins-navigateurs, celui des Agents de Contribution. En avril, les soutiers-charbonniers du port de Fort-de-France entraient en conflit avec la Transat.

Source:
Histoire de la Martinique de 1848 à 1939 Tome 2 du Pr Armand Nicolas


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