La magie de la femme

La magie de la femme : la médecine traditionnelle


La correspondance entre plantes et maladies est assez étroite pour ce domaine. Elle permet d’assigner au corps féminin une place dans le jeu du froid et du chaud. L’examen des thérapeutiques à ce sujet laisse apparaître deux tendances dans le rapport aux plantes : la douleur et les interdits liés à l’état.

La douleur s’exprime par des coliques/ spasmes mais ne désignent pas exclusivement les menstruations. On retrouve aussi le mot pour désigner les premiers symptômes d’un empoisonnement et dans le cas de la diarrhée.

Dans cette conception martiniquaise du fonctionnement du corps, la femme est définitivement assignée à la sexualité dans ce qu’elle a de génitrice. La limite dans ce contexte considère qu’elle ne contrôle pas le flux des forces originelles dont elle est le passage. Les “choses féminines” sont alors l’inverse du corps de l’enfant qui est marqué par la prévisibilité : elles sont du domaine de l’invisible.

Les gens disent que les menstruations perturbent la floraison et blabla car la femme ne sait pas contrôler son flux énergétique. Wi atjelman ! Mais antan lontan i té sav ! Quand untel retrouvait un méchant tjenbwa devant sa porte, il demandait à une femme en pleine menstruation de retirer ça pour lui. Certaines affections étaient même traitées avec les sécrétions vaginales d’une femme de la famille. Mais maintenant si tu fais ça, on va dire que tu fais de la sorcellerie ou pire de la perversion !

On ne connaît que le diri-pwa-rouj avec les règles pour amarrer un homme. Avec cette histoire d’endométriose, les femmes redoutent leurs menstruations. D’autres préfèrent ne plus en avoir par commodité ou autre. Ah si zot té sav ki sa zot té pé fè épi sa ! Anlo bon bagay ! Même si il ne faut pas oublier que dans les bonnes choses, on peut y trouver bon mové bagay. Mais va dire ça à un jeune ! Il ne va rien comprendre ! La preuve il ne saura même pas reconnaitre les bonnes feuilles pour le nettoyer.

Man Titi, 82 ans – Martinique

Les recommandations

Dans la médecine traditionnelle, le flux de sang correspond encore le glissement toujours possible du fœtus lorsqu’il y a grossesse. La femme enceinte ne devra pas prendre de purges, s’exposer au soleil. En revanche à l’approche de l’accouchement, il lui est recommandé de consommer de l’huile de yanmdi, des gombos, ceci afin de faire glisser l’enfant. Lors de l’accouchement, on lui massera le ventre avec de l’eau savonneuse.

Le flux de la femme a encore d’autres effets secondaires. Durant la période des règles, elle doit s’abstenir de manipuler certains légumes et fruits, de manier certaines plantes et le piment est inclus dans ces interdictions alors qu’il a la réputation d’être chaud.

En cas de transgression, elle ferait couler les fruits, provoquerait des perturbations dans la floraison des plantes et leur dépérissement car elle ne contrôle pas ce flux énergétique.

Conclusion

En résumé, ce schéma du corps de la femme montre comment l’acticité, le mouvement imprime sa marque sur le type de la maladie . On aura compris que le sang s’apparente au chaud. Il ne faut pas s’exposer à prendre froid sinon la maladie ne pourrait que prendre des formes extrêmes de gravité.

Le corps de la femme est le lieu même de la limite entre la vie et la mort, le visible et l’invisible. L’investigation vers le tjenbwa pourrait d’ailleurs montrer l’utilisation qui est faîte du sang menstruel.

Source :
Dossier d’enquête ethnobotanique et ethno zoologique à la Martinique de Mr BURAC Maurice, Mr ROLLE William, Mr PERMAL Victorin et Mr PERMAL Bernard.


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