douvan jou

Douvan jou


Tiklop,… tiklop,…,

Tiklop,… tiklop…, ce bruit seul résonnait dans la nuit. Je volais plus que je ne marchais. Il était déjà à une heure avancé les 2h allant vers les 3h. Je suais à grosse goutte. La nuit noire m’enveloppait au fur et à mesure que je m’enfonçais dans le razié, pas une raie de lumière ne filtrait à travers les feuillages. On aurait bien dit une grotte. Pye m se sal manje li pat bay, e vole li t ap vole san touche te a. Rive kote mwen glise mwen tombe, Tout ko mwen fe yon sel ak labou salte raje a, mais j’en avais cure. 

Sitôt tombée, je me relevais, ne sentant ni blessure et bobos. Je n’avais qu’une chose en tête, être à l’heure. Malheureusement, le temps qui m’était imparti me faisait vraiment la guerre. Ma main tenait fermement le sac qui contenait le précieux trésor, la terre du cimetière a 12h. Ayy se pat bagay fasil, on dit souvent que la nuit les chats sont gris, men nwit sa se pa t se chat ki te gri, nanpwen timoun ki ka travese kalfou. 

Hélas, ce n’était pas facile, on dit souvent que les chats sont gris la nuit, mais cette nuit-là ce n’était pas le chat qui était gris, à cause des enfants qui peuvent traverser le carrefour.

Si se pa t granmoun ki rele granmounmwen te ye mwen patap la. Yo t ap sele m monte m fe m travay kou bet jouk soley leve. Men ginen pou mwen se nan gro lakou mwen soti, sa yo konnen an mwen konnen l tou. J’ai dû me battre vents et marres pour m’acquérir de ce précieux trésor. Que ne ferais-je pas pour sauver mon enfant ? Adeline bel ti neges mwen ki fek gen 8 lane. Yon sel kou yon ko lage pran ti tchouvi a li derekonet moun ato mwen papa l.

Se bagay dlo nan je. Tout moun gran bwa gentan ap di m pedi pitit la, nanm li gentan ap kouri tout kote nan vil la. Sou de pye yo gentan manje timoun lan nan men mwen. E pou janm redi ak pitit mwen sa patap janm pase konsa. La menm mwen met kanson mwen nan tay mwen mwen pral jambe dlo.

Tous les anciens me disent maintenant de prier pour l’enfant, son âme court déjà partout dans la ville. Debout, ils mangent déjà l’enfant dans ma main. Et ça ne se passera jamais comme ça avec mes enfants. Là je mets mon pantalon à la taille et je vais traverser l’eau.

Je ne voulais pas prendre la rue principale par crainte de rencontres impromptues. Ces jeunes noctambules qui se croyaient maîtres de la nuit faisant la fête à tout bout de champ. Si seulement ils savaient ! Des rencontres, ils y en ont eus et des plus mauvaises. Le royaume de la nuit appartient à tout le monde. Chacun sa route, chacun son objectif.

Se fann mwen t ap fann raje a. L’alarme de mon téléphone sonnait 3 h 30. L’adrénaline coulait à flots dans mes veines me donnant des ailes. Je courais encore plus vite sans me rendre compte des feuillages qui me déchiraient le corps, des fourmis au passage que mes mains dérangeaient dans leurs sommeils qui fous de rage me mordaient ou encore des bestioles non identifiées que mes pieds a moities nus encrassaient au passage. 

Seul comptait la survie de ma fille. Il me restait une bonne dizaine de minutes de course. Le rituel que je devais exécuter, se déroulait avant l’aube soit 4h au risque de tout perdre.

3h40, j’étais pile dans le carrefour où je devrais faire mon rituel. Mais il y avait un problème ! Et pas n’importe lequel. Un marchand de canne à sucre était là, au milieu du carrefour, chantonnant dans
sa barbe tout en étalant sa marchandise.

Pourquoi je l’avais identifié en tant que tel ? Et bien chaque marchand avait sa particularité chez nous. Bouwet li te douvan li plen kann, sa ki te nan sache ki te gentan kale pre pou te vann, sa ki te kouche arebo ki t ap tann pou l kale yo epi pil po kann yo alantou. Manchet li byen file nan men li l ap kale yon kann.

Sentant ma présence, il se retourna, cracha trois fois par terre et me sourit. Chouk dan nwe li yo t ap briye nan nwit lan. Prenant mon courage je lui souris à mon tour, un rayon de lune nous séparait.

« lone tonton, se yon ti pase pitit gason ap fe tanpri tonton….,

-Fout mache ban mwen lanmed, ou genle panse ou pral fe jou bare mwen la. Fout mache ban mwen, manman w te grandet konsa li pat ka peye m , mache fwenk e ou k ap peye m jodia. !

Vlan yon taboch pati, voup yon kout matinet ateri.

Avant même que j’aie pu terminer ma demande pour l’utilisation du carrefour, au loin, une femme (selon la voix) s’acharnait sur un enfant ou plutôt un zombie à voir la démarche de celui-ci. Estomaqué, je voyais l’enfant avancer lentement en titubant. Lassé et le dos courbé sous le poids qui le gênait (faisant quatre fois, sa taille et son poids). 

Le fouet tel celui qu’on utilisait pour les animaux et esclaves sillonnait de rouge l’habit blanc qu’il portait. Sans cesser de le frapper à coup pressé, la femme lui criait dessus. Fixant devant lui avec un regard perdu, le zombie avançait en pleurnichant. Résigné à son sort, ce martyr quel que soit les coups et les mots blessants qui pleuvaient, il avançait.

Quand je l’ai vu passer devant moi, en sueur et en pleurs, une rage sourde gronda en moi. Le visage de mon enfant se matérialisa sur celui du zombi et sans même m’en rendre compte, je frappai la femme. Je la frappai tellement que j’en eu mal, autant qu’elle avait frappé l’enfant. 

« Si se te nan langet ou timoun sa te soti koman ou t ap santi w si yon moun t ap fe l sa ?. »

Gason m zafe kabrit pa zafe mouton, e si m byen konprann nan kalfou sa tan pa w konte e si w paf e vit ou sanle pedi e mwen menm se tann m ap tann li.

Les affaires du cabri ne sont pas les affaires du mouton. Et si je comprends bien, à la croisée des chemins, le temps ne compte pas, je l’attends pa pèd tan…

En disant cela un rire démoniaque sorti du fond des entrailles du marchand. Et en un éclair, je fus ramené à la réalité. Il était là pour ma fille.

Zafe kabrit pa zafe mouton men devan m lan la sa pa p pase konsa. Epi granmoun si se pou sa m konnen an ou la ou met ale lwen pitit pa m lan pap fe wonn depot.

Sonje gason m zafe kabrit pa zafe mouton. Epa gen anyen kif et san konsekans (Souviens toi que les affaires du cabri ne sont pas les affaires du mouton. Il n’y a rien sans conséquences.)

Il ajouta en me souriant, l’heure tourne. Et sans un regard, il disparut dans la nuit. Je me relevai en tremblant en prenant les différents ustensiles que j’avais cachés au carrefour afin de les disposer pour le rituel. Avant même de commencer, je fis ce qu’il fallait pour la dame resta clouée au sol, le zombie a ses pieds. 

Elle vociférait, piaillait et jurait, rien n’y fait, j’étais sourde et bien plonger dans le rituel. Il était 4 h 15 quand je terminais. Heureusement, il faisait encore noir. Sitôt fini, prenant mes effets, je me dirigeai vers la maison.

6h du matin : « mezanmi lasosyete kote n pran la, apa m leve pou m al regle tre m, mwen kontre ak yon madanm k ap matirize yon zombi nan wout la, sa k pi di yon ti lezanj kip a dwe gen plis ke 10 lane, mezanmi lasosyete vinn gade vinn gade anmweey lougarou sa yo pa dwe viv pami moun ».

Mes amis de la société, où allons-nous, quand je me lève pour aller régler mon cas, je rencontre une femme qui tue un zombie sur la route, qui plus est, un petit ange qui devait avoir plus de 10 ans, chère société, regardez, regardez, ces loups-garous ne devraient pas vivre parmi nous.

Le marchand de pain vociférait à tue-tête. Toute la population se ruait vers l’endroit qu’il indiquait et moi aussi je fus du lot. La population ne fut pas longue à s’enflammer, les pierres et les mots pleuvaient sur la dame. Alors que je me rapprochais pour voir son visage a la lumière du matin, une petite main me tira la chemise.

« Papa, papa, mwen vle kann, yeswa tonton ap banm on kann ou pa vle ou pran l nan men mwen ou jete li, papa mwen vle kann jodia »

2 ran dlo 2 ran larim

Adeline pleurait de sa petite voix aigüe. Alors que je l’a prenait dans mes bras, je sentis un regard posé sur moi. Mon sang se glaça d’un coup.

Il était là. En me retournant, je ne vis qu’une ombre furtif parmi tant d’autre dans la rue. Mais j’étais sur à cent pour cent que c’était lui (le vieil homme).

-Vini tifi m, papa w pral ba w bonbon.

Oh oui papi. Mwen renmen w.

Son rire d’angélique prit possession du matin. Ainsi ma fille dans mes bras, je regagnai la maison.

Ou gen grenn nan ou wi, gade jan Adeline ge matin an.(Tu as des couilles, regarde comme Adeline est ce matin)

Je souris à celle qui vient de parler, c’était la granmoun du quartier.

Kisa n pap fe pou pitit nou grann !(Que ne ferons-nous pas pour nos enfants)

Raphlee


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