horror story

Magie noire et blancs zombis : la naissance du vaudou cinématographique


Le vaudou a une grande fortune dans le cinéma, mais il alimente principalement les films d’horreur américains. L’ouvrage célèbre de William B. Seabrook, l’Ile magique (1929), sert de matrice aux films qui, jusqu’ici, offrent les thèmes de zombis, de sorcellerie et de sacrifices humains, en pâture à l’imaginaire occidental.

Ulrike Sulikowski, ethnologue africaniste, montre qu’en détachant ces thèmes de leur contexte culturel et historique, le cinéaste redonne au public ses propres représentations et ses stéréotypes sur les culture noires, et renforce ses attitudes racistes.

En 1929, paraît le Magic Island de W.B Seabrook qui devient vite un des livres les plus diffusés sur Haïti. (…) Il décrit des cérémonies, et insiste expressément sur le fait que ce sont des humains qui sont sacrifiés, même si lui-même ne l’a pas vu. Lorsqu’en 1932, White Zombie, premier et mythique film d’horreur américain, sort sur les écrans, c’est précisément sur Magic Island que s’est appuyé le scénario.

White Zombie raconte l’histoire de Madeleine qui arrive en Haïti pour se marier. Un planteur qui la convoite charge le magicien Legendre de la lui livrer. Voulant la femme pour lui même, il en fait une zombie.

Ce qui frappe, dans ces premiers films d’horreur vaudou, c’est la double application du zombi : comme esclave dédié au travail, et comme transfert sur la femme, objet de la violence masculine, démoniaque devient alors le désir sexuel frustré.

Dans la production cinématographique américaine, le vaudou apparaît, jusqu’à nos jours et de façon ininterrompue, comme un culte satanique, une sorcellerie et une atteinte pathologique ou criminelle. Mais le genre en question semble répondre à une nécessité sociale, en tant qu’il permet l’expression des domaines refoulés, détachés ou réprimés, dans une société où triomphe la représentation rationaliste du monde et le fondamentalisme chrétien.

Une telle société est amenée à inventer “l’autre” ou “l’étranger” comme son équivalent négatif – assimilant du même coup l’irrationnel et la terreur.

Ulrike Sulikowski, Vienne, 1990


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