Le nom secret aux Antilles

Le nom secret aux Antilles


Le nom secret est chuchoté à l’oreille du nouveau-né par ses parents (le plus souvent à son baptême). Il est donc bien le nom véritable de celui qui le porte.

En réminiscence ici totale avec avec la pratique africaine, ce nom profile la personnalité de son dépositaire. Il est explicitement “le nom pour soi par opposition au nom pour autrui “, délivré sur les papiers d’état civil. Coutume ancrée dans la culture antillaise, le nom secret signe à coup sûr la plus ancienne pratique de résistance à la dépersonnalisation coloniale.

C’est donc dans ce nom-là, mystérieux, que réside, pense-t-on, la force imprenable, substantielle, de tout individu. La possession du nom secret préserve et assure la spécificité de son “moi”. Sur ce point ce qui pour l’Afrique vaut pour les Caraïbes.

Nom caché, affaire de vigilante protection, ne se donne pas, ne s’indique pas, ne se dévoile pas s’en prendre garde !D’où de très nombreux surnoms pour brouiller les pistes et sauvegarder son intégrité.Que peuvent faire les esprits avec Cécette, Kikili, Ti Nono ? Ce sont des leurres…

Coulée d’or d’Ernest Pépin

Le nom d’un saint donné à la naissance doit donner force et prestige. Pour que certains enfants ne meurent pas en bas âge, des parents leur donnaient des prénoms commençant par la même lettre. Ainsi dans une même famille les enfants portaient les prénoms suivants : Tersifort, Timothée, Théodorine, Thomasine.

Le nom caché dans le Vaudou

Dans le vaudou au Bénin, chacun a plusieurs noms. D’abord un nom public. Ensuite, des noms cachés, secrets, car révélant la vraie nature de l’individu et, potentiellement ses faiblesses : le nom choisi par la mère, les noms des divinités tutélaires de ses parents, le nom de l’ancêtre djoto révélé par le Fa (tout de suite après la naissance, le talon du nouveau-né trace les signes divins sur le kaolin de la planche de divination).

Certains noms disent beaucoup de choses sur l’individu, sa naissance, sa filiation, etc.

Agossou (garçon) ou Agossi (fille) signifie que l’enfant est sorti du ventre maternel les pieds en avant.

Bossou (Bossi pour fille) veut dire que l’enfant avait une circulaire du cordon. Dossou (Dossi fille) veut dire que l’enfant est né juste après des jumeaux, etc…

Il y avait trois noms. Celui du Grand pays, celui du bateau, et celui des champs. Celui là disait ta mort définitive…Alors pour nous les noms n’avaient plus d’importance. Quand le maître te nommait Jupiter, nous l’appelions Torticolis ou Tikilik, est ce que cela s’est perdu ?

Patrick Chamoiseau

Sources:
-L’univers magico-religieux antillais de Geneviève Leti
-Identités autochtones et missions chrétiennes. Brisures et émergences de Philippe Chanson, Olivier Servais.

-L’homme, la nature et les dieux de Phillipe Charlier


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