
Le combat d’Henry Sidambarom
Henry Sidambarom, né le 5juillet 1863 à Capesterre-Belle-Eau (Guadeloupe) et mort le 21 septembre 1952, est un homme politique guadeloupéen. Juge de paix du canton de Capesterre-Belle-Eau et fils d’immigrants tamouls, il défendra toute sa vie les Guadeloupéens d’origine indienne face au racisme et à une véritable discrimination d’Etat.
Petit point historique
Après l’abolition de l’esclavage en 1848 dans les colonies françaises, la majorité des esclaves déserte les plantations. Les grands propriétaires terriens, les anciens « maîtres », ont besoin de main d’œuvre. C’est la période de « l’engagisme ». Indiens, mais également Africains et Chinois, sont recrutés sous contrat et débarquent dans le nouveau monde.
Les premiers Indiens arrivent le 6 mai 1853 à Saint-Pierre en Martinique, et le 23 décembre 1854 en Guadeloupe, après des traversées en bateau souvent effroyables et marquées par une forte mortalité. En effet, a la recherche d’un eldorado, ils ont trouvé le servage…
Les premiers engagés

Le 6 mai 1853, les 300 premiers engagés indiens des Antilles débarquent dans la rade de Saint-Pierre. Bercés par des espoirs de vie meilleure, 25 000 de leurs compatriotes les rejoindront sur « l’île aux fleurs », 42 000 iront en Guadeloupe et plusieurs milliers en Guyane durant les quatre décennies suivantes. Ce sont eux, travailleurs indiens libres recrutés pour des contrats de cinq ans, qui sont chargés de remplacer les esclaves libérés en 1848 dans les champs de canne à sucre. Maltraités par les propriétaires des plantations, diabolisés par les prêtres catholiques, méprisés par les « nouveaux citoyens » noirs, ces « coolies » (dérivé du turc « köle » qui signifie « esclave »), comme on les surnomme alors avec dédain, sont une main-d’œuvre docile et bon marché.
Beaucoup d’ailleurs n’y survivront pas. La majorité finira par déserter les plantations, comme leurs prédécesseurs, les esclaves noirs.
Le mensonge
Dans la tradition hindoue, l’océan, c’est le Kala Pani, l’espace tabou à ne pas franchir »
Jean Samuel Sahaï, auteur d’Adagio pour la Da. Les Indiens des Antilles de Henry Sidambarom à Aimé Césaire (Atramenta, 2013).
Alors, pour rassurer les candidats au départ, les « mestrys », des agents spécialisés dans le recrutement d’engagés indiens, promettent monts et merveilles après un voyage qu’ils assurent rapide et confortable. Parfois, quand ils ne parviennent pas à calmer les réticences, ils kidnappent, droguent, saoulent… Car les propriétaires de plantations veulent toujours plus de bras. « Les Indiens sont réputés dociles », souligne Sahaï. Plus que les engagés précédents, Chinois, Japonais et Français.
Jusqu’au 10 août 1861 du moins. A cette date, les deux puissances coloniales signent un traité autorisant les embauches par les Français d’Indiens sous domination anglaise. La raison est avant tout économique : pour les Britanniques, un émigrant pour les Antilles, c’est un sujet de moins à nourrir au moment où une famine sévit depuis un an dans les provinces de Madras et du Nord.
Définies par le traité franco-anglais, les conditions de vie des engagés sur les bateaux sont contrôlées par un agent britannique avant le départ. Un second les attend de l’autre côté du globe, pour surveiller les conditions de travail. Ces Indiens faisant voile vers les colonies de la République française n’en restent pas moins des sujets sous la « protection » de Sa Majesté. Les abus sont pourtant légion. « Ceux qui débarquèrent aux îles à sucre, candides, allaient devoir subir l’oppression des maîtres colons », écrit Jean Samuel Sahaï dans son livre.
Logés dans les bâtiments auparavant réservés aux esclaves, victimes d’abus physiques, les coolies qui pensaient trouver un eldorado de libertés rencontrent une nouvelle forme de servage. En Martinique, près de 40 % des engagés, fatigués, déçus, profitent du billet retour garanti pour ceux ayant honoré le contrat. Pour les autres, il ne reste que la révolte. Un conseiller général à Pointe-à-Pitre remarque ainsi : « Ils mettent le feu afin d’être envoyés à Cayenne, où ils espèrent, en subissant leur peine, trouver tout à la fois, repos et bonne nourriture. »
Le mépris
Mauvais locuteurs, adeptes de coutumes jugées sataniques, les engagés font aussi l’objet de mépris. Les anciens esclaves les accusent d’encourager les basses rémunérations en acceptant une paye de 12,50 francs par mois, quatre fois moins que les prétentions salariales des anciens esclaves. Quant au mot « coolie », il est associé à des proverbes dégradants, à l’image de « Faible kon an coulie ». Le terme de coolie dalot désigne les balayeurs de rue : en Martinique, ce travail était confié aux Indiens n’ayant pas pu embarquer dans le dernier convoi de retour, en 1900, afin d’éviter qu’ils deviennent des mendiants dans les rues de Fort-de-France.
Le combat
Honnis par tous, incluant l’Etat qui avait encouragé leur venue, les Indiens et leurs descendants, même nés aux Antilles, n’ont pas droit à la nationalité française. Ils ne peuvent pas voter et faire le service militaire, haut lieu d’insertion socio-professionnelle à l’époque. Henry Sidambarom n’aura de cesse de se battre contre cette injustice, jusqu’à ce qu’il obtienne gain de cause.
Ce sera fait le 21 avril 1923, jour où les Guadeloupéens d’origine indienne acquièrent officiellement la nationalité française, par le gouvernement de la IIIe République. L’année suivante, la citoyenneté française et les droits civiques afférents sont élargis à tous les descendants d’Indiens des Outre-mer français.
Dans son livre, souvent entrecoupé d’intermèdes poétiques inspirés de la musicalité créole, d’où le titre « Adagio… », Jean Samuel Sahaï revient sur l’itinéraire d’Henry Sidambarom et des Indiens des Antilles. Il consacre aussi de nombreuses réflexions à Aimé Césaire et à son « indianité », rappelant que la « Da » du jeune Aimé, sa nourrice, était d’origine tamoule.
Hommage
En 1981, lors de l’officialisation du jumelage entre Pondicherry et Basse-Terre, un hommage est rendu à Henry Sidambarom :
-inauguration de l’avenue Sidambarom à Basse-Terre
-une stèle à Fonds-Cacao à Capesterre-Belle-Eau
-naissance du Comité Henry Sidambarom, officialisé en 1988
En 2013, le Prix Félix Éboué lui est consacré dans le cadre du 150e anniversaire de sa naissance . Un buste à son effigie sera posé à Karikal (Inde). En décembre 2013, l’Ambassadeur de l’Inde, Shri Arun K. Singh, assiste à l’invitation du Comite Henri Sidambarom, aux célébrations organisées pour fêter le 150e anniversaire de la naissance de Henri Sidambarom.
Sources:
-Wikipédia
-GEO
-France info outre-mer
-Adagio pour la Da de Jean Samuel Sahaï
-La panse du chacal de Raphaël Confiant
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Petite introduction à notre médecine traditionnelle antillaise afin de valoriser notre héritage. Bien évidemment, cela peut différer selon les îles car les Antilles ne se résument pas qu'aux îles colonisées par la Fwans.
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Et si vous connaissez un guérisseur, tendez bien l'oreille pour enregistrer ses secrets pour que la transmission perdure. Notre avenir est dans notre jardin karayib !
Un grand merci aux travaux de Christiane Bougerol qui a enquêté sur nos us et coutumes afin de les préserver🌺.
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Vous êtes de plus en plus nombreux à me reclamer un live pour expliquer mon parcours spirituel et surtout mon affinité avec le vodu haïtien.
Comme dit certains : pourquoi le vodu haïtien ? En 2023, les gens sont toujours choqués mais bon dapré yo hein 🤣.
Du coup, je ne peux plus faire la sauvage qui disait awa 😅. Faut bien que j'ouvre un peu ma bouche afin de mieux partager car en verité notre transmission est orale.
À vendredi 🌺
Je ne pouvais plus hurler haut et fort qu'il fallait dédiaboliser nos pratiques ancestrales, renouer avec nos ancêtres, renouer avec notre histoire caribéenne, etc sans m'initier dans le vodu haïtien.
Même si je faisais un travail de pédagogie, je me sentais de moins en moins légitime car je n'étais pas intiée... oui j'avais un autel, etc mais je n'avais encore vécu le nannan des choses. Du concret, du palpable, bref man viv li !
Merci Manbo Rosmy de m'avoir permis d'accéder au grade d'hounsi. Prochaine étape Haïti mais man poko paré 😅. En tout cas avec du recul, c'est là que je comprends mieux le pourquoi du comment de mon cheminement.
Les signes étaient déjà là, c'est juste que je n'avais pas encore la connaissance pour les comprendre. À l'heure d'aujourd'hui, je ne peux pas dire que les lwa n'existent pas, awa ! Et je ne peux plus me cacher.
Ayibobo
Les susceptibles comme la plante marie honte, ne perdez pas votre temps à vous emporter en commentaire ou en DM. Mwen san fouté car de temps en temps, il faut savoir prendre du recul et accepter nos défauts pour mieux avancer. La vie paradisiaque sous les cocotiers est une illusion pour bon nombre d'entre nous. Oui oui, c'est une realité même si certains trompent les makrel avec l'audi ou en paradant dans les soirées.
Bien entendu, je vois de loin ceux qui vont dire ki sa nou pé fè ? Depuis le temps que les gens en parlent et c'est maintenant que tu te poses la question ? Srx ? Tu vas au sud de l'île sans y voir le problème ? Tjip !
Bref man té ni sa pou di zot. Moi même là je vais lâcher prise lors de ma retraite spirituelle tant souhaitée. En espérant, que mes aïeux pourront plus facilement venir me voir pour enfin me communiquer la recette du parfum attrape un job afin d'aider Math la galère 🥴.
PS : les témoignages sont réels, j'ai juste changé le nom de certains surtout celui de Sonia la DRH, an bwabwa ki la (ou pa kontan ? Mwen san fouté !)
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Les milans du voisinage m'ont rapporté le gros cancan entre un jeune homme et son beau-père suite à un hématome cérébral de la mère..
Les mauvaises langues disaient que c'était parceque la tête de brave femme tapait trop souvent blo contre la tête de lit 🤣. Pour sûr, malgré les saignement dans la calbèche et les avertissements du neurologue, la dame ne voulait surtout pas arrêter son commerce avec son jeune et vigoureux époux. Hanhan piès !
"Mourir dans l'évanouissement de félicité de koko et de langue est la meilleure mort tonnè !" Disait elle à ses copines sur le parvis de l'église.
Pendant ce temps, le bruit dérangeait le sommeil du fils dans la chambre avoisinante qui malheureusement devait se battre entre une bande pas catholique ou un gwo pléré...
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Prochain podcast : Sé mwen ki ka manjé lanbi manman'w
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Et après plus de 4 ans, j'ai décidé de faire occasionnellement des lives sur instagram. Mais occasionnellement hein ! Faut que je me déride un peu 😅.
Bisous
@yummymq est une amoureuse d’écriture épicée qui s’est retrouvée dans le faitout des mots lors de sa rencontre avec la scène slam de l’île. Elle aime mettre son grain de sel dans l’expression de la sensualité, et du miel dans celle de la sexualité. Dans le présent ouvrage elle s’essayera à la romance en restant fidèle à son premier amour, Le slam.
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@heritage_des_iles est le rêve du poto mitan d'une famille. Une mère qui a su partager et transmettre sa passion pour les plantes et la terre à ses enfants. Maintenant ses héritiers ont pour mission de créer un rituel autour de la tisane pour vous faire profiter des vertus des plantes de la Caraïbe au quotidien. Sur leur site, il propose toute une gamme de tisanes péyi dont ma préférée la Tisane Peyi Kayali Merise (atoumo, menthe, basilic et merise).
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À travers un écrit, Jonathan Soubarapa pratiquant de l'hindouisme en Guadeloupe partage avec nous quelques bases sur sa spiritualité ainsi que son expérience personnelle.
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"Les Monsamy, les Manoutchy, les Pandrayen ou les Virassanin, tout ce peuple d’Indiens qui s’échinaient dans le nord du pays au profit des richissimes planteurs blancs, n’avaient plus souvenance de rien. La langue, les rites, les dieux, les chansons n’avaient été conservés que par une poignée de savants et de prêtres car en venant de ce côté-ci du monde, après avoir traversé deux océans, la mémoire n’était plus qu’un grand trou noir. Une souffrance insondable.
Et ici, dans ce pays-là, il avait fallu affronter de nouvelles épreuves. Le dur travail de la canne à sucre, le mépris des Blancs, le crachat des noirs, l’indifférence des mulâtres. […] Il avait fallu survivre dans toute cette dévalée de fléaux et le peuple indien, devenu couli, avait survécu. Il avait redressé la tête et demandait honneur et respect. […] »
Extrait du roman La Vierge du grand retour de Raphaël Confiant
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Merci pour cet article et qui remet en lumière les conditions des engagés indiens qu’on a tendance à oublier. Je ne connaissais pas cet figure historique des antilles.