
La sexualité au temps de l’esclavage
Dans la pensée collective des Antilles et même ailleurs, le noir est considéré comme un étalon afin de procréer et de semer de la marmaille partout. Ses progénitures fournissaient au maître une population servile, à moindre coût et surtout renouvelable.
Dans le domaine fantasmatique, l’homme noir représente la force, la puissances sexuelle. Par sa puissance il avait la capacité de féconder plusieurs femmes, de multiplier les conquête en se centrant ou non, sur son premier foyer.
L’homme noir était servile, dans sa servitude il lui restait un certain pouvoir sur la femme à travers sa sexualité. Toutefois, le fait de confier le produit de sa semence et sa descendance au maître, apparaît comme une sorte de vol, dans la mesure où la fonction du père n’est pas assurée, mais il est inscrit uniquement dans celle du reproducteur.
C’est ainsi que la représentation du mulâtre, terme qui vient de mulet (croisement d’un cheval avec une ânesse) est elle aussi chargée de la puissance sexuelle, mais aussi, de la différence statutaire entre le père et la mère. De cette relation, les enfants bénéficieront toujours de la puissance, celle du cheval (le maître) de par sa taille, sa puissance et de par sa valorisation dans l’échelle.
De ce fait, par cette pensée fantasmatique, de nos jours nous avons l’impression que si l’un des parents est celui qui représente une forme de pouvoir, alors sa descendance bénéficiera au moins partiellement de ce pouvoir. Cela peut expliquer en partie le dédain des mulâtres envers les nègres. Bien évidemment, il s’agit d’un fantasme et non de la réalité qui faisait qu’une partie des enfants nés d’une relation entre les maîtres et leurs esclaves, pouvait obtenir le statut de libres de couleurs.
Nous pouvons constater aux Antilles et d’ailleurs nous le savons très bien dès notre plus jeune âge (subtilement), qu’il existe une double hiérarchie, celle instituée par le statut social et celle institué par la couleur (plus subtile mais qui persiste toujours).
Une sexualité brutalisée
La sexualité de l’homme noir est perçue comme brutale et associée à une forme de viol.
En effet, pendant les esclavages, les commandeurs étaient des noirs, choisis pour leur brutalité, leur force, leur capacité de répression sur ses semblables. Par ses privilèges, il se comportait comme un grand coq dans la basse-cour et se servait des esclaves pour assouvir des pulsions sexuels et non pour assurer une descendance.
Cela suggère une sexualité brutale, d’une relation non consentie, forcée. L’esclave devait être docile par crainte et espérer un peu de faveurs pour un peu améliorer sa misérable existence. Le maître de la plantation accordait ce genre de privilège au commandeur, afin de lui donner un semblant de liberté pour qu’il soit toujours servile et productif.
Cela sous entend que la femme esclave était la victime de viol par le maître mais également victime d’une partie des hommes noirs (ceux qui avaient le pouvoir de commander).
De ce fait la question sur la violence sexuelle faite aux femmes est principalement une relation de pouvoir, qu’elle que soit la couleur de peau de celui qui possède le pouvoir.
Malheureusement le viol des femmes à perdurer après l’abolition de l’esclavage du fait de leur statut en bas de l’échelle et leur fragilité.
La politique nataliste favorisait une proportion équitable entre les femmes et les hommes afin de renouveler la main d’oeuvre. Mais nous pouvons constater que les femmes recevaient une petite somme d’argent après avoir enfanté. Cette pratique servait à stimuler leur activité reproductrices.
Par la suite on va davantage favoriser les femmes avec enfants, en donnant ainsi la priorité à une forme de famille monoparentale dans laquelle la femme a la charge de la naissance et de l’éducation des enfants.
Il ne faut surtout pas oublier que les esclaves de ville étaient utilisées comme des prostitués dans les ports et bars. Afin de rapporter une somme supplémentaire à leur maîtresse, activité imposée en plus du travail de la maison. C’était une certaine façon pour les maîtresses, d’augmenter ses revenus et d’éviter toute source de tentation pour son mari.
La question du père
Le mariage n’était pas une généralité même si cette pratique était tolérée par le Code Noir. Au début du XVIIe siècle, pour des raisons culturelles les esclaves continuaient à utiliser un modèle familial, issu de la polygamie comme en Afrique de l’Ouest.
Mais aussi pour des raisons économique, car il fallait un matériel suffisant et des compétences pour que l’esclave puisse prendre en charge une famille.
Selon les études, nous pouvons constater que les hommes qui avaient les moyens matériels, s’occupaient généralement des femmes et des enfants, qu’ils avaient accueillis même si les enfants n’étaient pas les leurs. Et en assurant une fonction paternelle à leur égard.
Par exemple en Guadeloupe , 50% des enfants étaient reconnus par le père, alors que 25% étaient reconnus par la mère.
Nous pouvons avancer que la fonction du père est perçue comme séparée et distincte de la fonction de reproduction. Cette affirmation ébranle la conception que l’homme noir ne s’occupaient pas de leurs enfants et se contentant de multiplier les conquêtes.
Le fait de prendre en charge les enfants qui ne sont les leurs, était une forme de solidarité par ces hommes qui avaient les moyens. Cette constatation rejette l’hypothèse des pères absents, qui ne s’occupe pas de leurs enfants, comme on le dit si souvent, en prenant pour prétexte que l’esclave n’était qu’un étalon.
La femme esclave
L’éducation de l’enfant relevait essentiellement de la mère, elle élevait son enfant dans l’habitation.
Les femmes subissaient de manière régulière, les violences verbales, les violences physique et sexuelles. Elles avaient moins de chance que les hommes d’avoir des compétences et par sont talent de recevoir une rémunération (à moins de se prostituer). Par sa condition fragile, elles étaient celles qui se suicidaient le plus souvent.
Cette utilisation intensive du corps et de la force de travail des femmes ne leur permettait pas d’obtenir une compétence technique, puisqu’elles n’en avaient ni le temps, ni l’occasion.
Et de ce fait elles étaient systématiquement reléguées tout au bas de l’échelle sociale des esclaves.
Source:
-Psychologie des sociétés créoles de Errol Nuissier
Vous aimerez aussi

Monsieur Matoutou de Pâques

L’héritage de l’esclavage

Les Maîtres, les plus cruels qui soient sur la terre

L’insurrection d’esclaves au Carbet (1822)

La supercherie de la Vierge du Grand Retour

Mon Instagram
Une pause vacance s'impose. J'ai besoin de me reposer et de développer mon écriture et mes idées afin de revenir en forme pour la rentrée. Cependant, je serai toujours active en story et en DM si besoin.
Je vous souhaite de bonnes vacances et rdv à la rentrée pour la suite de notre cheminement 🌺
Boutik Makrel disponible sur lafleurcurieuse.fr (lien dans ma bio)
C'est lors d'une de mes promenades nocturnes que je fis la connaissance d'une famille installée depuis la creation des quartiers De Briand et Godissard. Tout comme ma grand-mère, une ancienne, ils me racontèrent avec nostalgie cette époque où chacun vivait en bonne entente avec son voisinage.
Un voisinage qui pouvait faire office de banque, supermarché, crèche, etc. Mais du jour au lendemain, la modernité occidentale chamboula les moeurs d'antan.
Ces quartiers propres, fleuris et conviviaux sont maintenant abonnés par la population et municipalité : manque d'eclairage, accumulation des déchets, meutes de chiens errants, augmentation de la violence, etc.
Ében bondié ki sa ki rivé nou ?
Heureusement en se promenant entres les petites maisons et jardins, un certain charme y opère malgré tout.
Pawol grand moun, disponible sur lafleurcurieuse.fr (lien dans ma bio).
#sonjé #antilles #antanlontan #antillais #martiniquaise #martiniquais #martinique #caraïbes #history #contespéyi
Plantes médicinales et aromatiques de la Caraïbe de Christiane Portécop est un ouvrage destiné aussi bien aux enseignants qu'aux associations et personnel d'encadrement qui souhaitent realiser un projet relatif aux plantes médicinales. Ce livre interessera sans nul doute un plus large public qui pourra ainsi entreprendre un voyage instructif et formateur dans l'univers du patrimoine caribéen.
Un massage énergétique de @massage_lodisy contre les douleurs, refroidissement ou encore de dégagement, etc vous sera proposé par Christelle.
Jeu exclusivement pour les résidents de l'île de la Guadeloupe.
#jeuconcours
Massage de l'Oddisy @massage_lodisy propose des massages thérapeutiques traditionelles "fwotman" en guise de traitement contre les douleurs et refroidissement. Christelle, la practicienne propose également des massages énergétiques de dégagement. Un retour à la tradition qui traite l'homme dans sa globalité : plan physique et plan énergétique.
Un coup de coeur pour le savoir de Christelle, que je vous invite à solliciter en cas de besoin.
#massagetherapy
#massage #medecine traditionnelle #guadeloupe #fwotman #sonjé #spiritualité #mysticisme #laquimboiserie #rimèdanbafey #antilles #caraïbes #vaudou #voodoo
Le plus important à retenir est de toujours prendre du recul par rapport à vos actes. Avant d'accuser l'autre, il savoir s'auto critiquer pour mieux avanver.
La sorcellerie a bon dos, alors que la plupart du temps, le pichon vient de nous même.
N'oubliez pas qu'une plante à toujours deux facettes : chimique et mystique.
Introduction aux pratiques martiniquaises (compatible avec les pratiques guadeloupéennes) est un petit pdf qui delivre quelques bases sur la spiritualité du pays. Disponible sur le site (lien dans la bio)
#rimèdanbafey #rimedrazié #plantemedicinale #plantes #laquimboiserie #nature #spiritualité #mysticisme #antilles #caraïbes #jardincreole
Sur le peu de photos disponibles, le roi Béhanzin avait pour habitude de fumer une pipe. Dans le vaudou béninois, la pipe est liée à l'intronisation et aux rituels mystiques de protection de la personne royale. Des feuilles sacrées sont mélangées au tabac pour lui conférer une force surnaturelle. De ce fait, il est impossible d'atteindre le roi lorsqu'il a la pipe aux lèvres.
Hélas, lors de son exil à la Martinique, le roi fit la malencontreuse rencontre de ti Sapito. Un ti fèt chié qui avait osé faire une farce au roi alors que Papa djab en personne évitait le souverain....Antatay ! Heureusement que Man Fortuna, une brave femme passait dans les parages avant le carnage.
Yékrik ! Les boucles d'oreilles de Béhanzin disponible (écrit et audio) sur le site lafleurcurieuse.fr.
Magnifique illustration de @confluence_art_storytale
#contespéyi #yékrik #mysticisme #podcast #laquimboiserie #martinique #behanzin #vaudou #benin #histoire #contesetlegendes #kreyòl #kreyol
C'est lorsque j'ai entamé ma troisième au collège de Tartenson que j'ai su que le fort de Tartenson avait abrité un roi à la Martinique. Aucune trace de lui dans les contes alors que sa présence aurait pu aiguiser notre imagination collective.
Cependant d'après les anciens, on pouvait t'insulter en te disant : "ou ni chivé Béhanzin" car malheureusement à l'époque le cheveux nègre était renié. D'autres m'ont rapporté qu'ils connaissaient untel, yich dewò du roi dotés de quelques particularités. Encore une fois sur cette partie de l'histoire, les mémoires s'estompent.
Rdv ce mercredi pour découvrir un conte sur l'exil du roi dans les bois de la Martinique afin que son passage reste dans nos mémoires.
#martinique #dahomey #benin #histoire #history #sonjé #laquimboiserie #caraïbe #behanzin #blackhistory
J'ai découvert les sosyete à travers la littérature haïtienne. Les auteurs n'hésitaient pas à dénoncer avec un humour piquant, les nombreux pouvoirs et dérives de ce genre de communauté. Entant que maîtres de la nuit, il faut parfois marchander avec eux pour pouvoir circuler en toute sérénité.
Raphlee, jeune écrivaine haïtienne partage donc cette fois-ci sa terrifiante rencontre avec une sosyete dans un katchimen.
Faits insolites en Haïti : Sosyete disponible sur le site lafleurcurieuse.fr (lien dans ma bio)
#mystèrespéyi #haïti #caraïbe
Ce roman trace sans complaisance un portrait plus qu’acide de l’homme politique. Il lance une autre réflexion sur les mythes fondateurs d’Haïti et aborde le sujet tabou des relations entre le pouvoir et les sociétés secrètes.
En effet, sur cette île tout comme les autre, ce ne sont pas les urnes qui régit la politique mais bel et bien les cimetières. Lieu de rencontre entre les politiciens et les sosyete, loup-garou, esprits et d’autre entités nocturnes qui commandent la nuit.
Hannibal Sérafin grand ambitieux politicien est prêt à tout pour devenir le prochain président quitte à laisser Agwe, dieu des eaux koké douze fois sa belle femme sur une barque sacrée. Mais dans cette course effrénée vers le pouvoir, un diable estime qu’il est temps pour lui de sortir de sa montagne pour assouvir sa vengeance.
Heureusement, que la mambo Sorel veille à l’harmonie, tout en rendant fou d’amour et de passion Sonson Pipirit un ancien politicien, en le faisant jouir en haut d’un arbre sacré. Selon lui, la mambo Sorel transformée en loup-garou éveille chaque particules de son corps en le dévorant sur les autels sacrées. Ceux qui feront les offusqués, ne connaissent pas ce genre de plaisir délirant !
Un conflit cosmique, où l’humour est mêlé à un érotisme coloré et fantastique. Encore une belle œuvre de @garyvictor7
#livrestagram #livres #livresaddict #booklover #books #instabook #litteraturecaribeenne #litteraturehaitienne #roman #instabookclub #lecturedujour #lecturesdumoment #bookstagrammer #bookaddict #livrepeyi #avislecture #lire #haïti #caraïbes #littérature #afrobook
J'étais enceinte gwo bouden et je suis allée un mercredi au cimetière pour fleurir la tombe de mon grand-père maternelle.
Antatay, ma belle mère avait hurlé en brûlant des feuilles car selon elle, le mort pouvait aller dans mon ventre donc se réincarner via ma fille. Et de plus selon elle, il y a des jours précis pour aller au cimetière afin d'être protégée (je ne m'en rapelle plus).
Réincarnation ou pas, elle a beaucoup de point commun avec mon grand-père. Man bien kontan sa.
Ps : quand la femme ne pouvait plus aller travailler dans les champs suite à son accouchement, le voisinage s'arrangeait pour la nourrir afin qu'elle ne manque de rien. Koté ou ka wè sa anko?
#martinique #guadeloupe #antilles #antillais
#caraibes #caraibeanpeople #westindies #laquimboiserie
Laissez un commentaire