
La panse du chacal
Raphaël Confiant
Roman caribéen
Parution en 2004
“À l’heure des grandes famines en Inde, Adhiyamân Dorassamy s’embarque pour une redoutable traversée, celle des deux océans, pour ne pas finir comme ses parents dans la panse des chacals. Fuir la misère et échouer aux Antilles, les ” Indes occidentales “, pour remplacer les esclaves désormais affranchis dans les plantations de canne à sucre, fut le lot de milliers de ” Coulis “. Aveuglément soumis aux planteurs, ostracisés par les Nègres et les Mulâtres, diabolisés par le catholicisme omnipotent qui fait la guerre aux dieux païens, ces Indiens inventent un art de la survie et s’insèrent dans le monde créole auquel ils apportent leur douceur et leurs multiples divinités.”
Mon avis
La panse du chacal a pour trame le parcours d’un jeune tamoul Dorassamy, de Pondichéry aux Antilles. C’est la fin du XIXè siècle, la famine ronge le sud de l’Inde, suite à colonisation anglaise. De nombreuses familles Tamouls se voient proposer d’émigrer vers les Antilles afin d’étendre du sucre de canne au soleil, soit disant un travail peu pénible pour une somme rondelette.
Profondément traumatisé à la vue de sa famille dévorée sous ses yeux par une meute de chacals, Dorassamy quitte le pays tamoul profond pour Pondichéry. Il épouse Dévi, fille d’anciens employés de son père, propriétaire d’une filature, en partance eux aussi pour les Antilles.
Les Antilles sont présentés aux futurs engagés toutes proches des côtes du Coromandel (portion du littoral de l’Inde baignée par le golfe du Bengale). Bien évidemment c’est un leurre, car l’hindouisme interdit à ses pratiquants de quitter la terre sacrée, l’Inde, sous peine de subir la malédiction amère de Kala Pani, la mer d’eau noire.
Un voyage qui ne devait pas durer longtemps pour eux, se transforme en un véritable périple (tempête, épidémie, suicides, découragement, tristesse, etc) à travers les deux océans.
Arrivés à la Martinique, la famille Dorassamy se retrouve affecté sur une habitation du Nord de l’île, et dès lors commence une toute nouvelle vie hors de leur terre sacré.
Les malheureux vont devoir encore affrontés de nombreux périples. Le terrible travail de coupe de canne sous le soleil brûlant. Le mépris des Noirs envers les indiens car selon eux les indiens encouragent les békés de rétablir une nouvelle forme d’esclavage, mais ce mépris est dû surtout à la méconnaissance de la culture hindouiste. Mais le choc le plus diffcile à surmonter sera l’apprentissage du créole ( et ce n’est pas facile) mais aussi harcèlement du clergé pour leur conversion dans le christianisme.
Relégués au plus bas de l’échelle sociale, cette communauté qui a énormément contribué à notre créolité va subir de nombreux préjudices.
Mais la promesse d’un rapatriement en Inde au bout de 5 ans de travail, sera le moteur de leur motivation pour ne pas sombrer dans la mélancolie et la tristesse. Mais cette île si hostile pour la communauté indienne, va peu à peu s’ouvrir pour les générations suivantes. Cette ouverture va permettre un magnifique métissage entre l’Inde et les Antilles qui contribue énormément à notre originalité créole.
Confiant nous dépeint ces aspects post-esclavagistes de la vie sur l’habitation dans un récit palpitant, la rencontre du kouli tamoul avec le Blanc coriace, le Noir mutilé et violent, ou la Négresse si différente de l’Indienne dans la gestion de ses atouts-corps.
Grâce à son art, il nous livre une partie méconnue ou pas assez diffusé de notre histoire avec son agréable humour dont il a le secret. Et qui nous permet de mieux apprécier la grande contribution de cette communauté dans notre société créole.
Mourougayan avait en horreur le terme créole que Blanc et Nègre utilisaient pour désigner l’acte d’amour: coquer. Chaque fois qu’il entendait, il voyait l’image d’un coq en train de grimper sur le dos d’une poule et de lui becqueter le dos du cou en faisant deux trois mouvements saccadés du croupion.
Une telle brutalité était aux antipodes de cette longue patience qu’était l’amour à l’indienne, du moins dans ses souvenirs, si évanescents fussent-ils devenus. Cette lente approche des corps que l’on dénudait sans brusquerie, l’enlacement prolongé des heures durant peau contre peau, le frottement léger des membres, d’abord les bras, puis les jambes, enfin les joues, la pénétration progressive des sexes jusqu’à l’extase, tout cela pouvait prendre allures d’éternité.
Nègres et Blancs, que rien de différenciait dans le comportement, hormis la couleur de la peau et que d’ailleurs les Indiens désignaient indistinctement sous le vocable de “créoles”, ne les connaîtraient jamais.
Extrait de la panse du chacal
Dans leur parlure, coquer pouvait aussi se dire couper, dérailler, écraser, manger, défoufouner, défourailler, ce qui signifiait “tuer” la femme. L’humilier en tout cas. Au lieu de la combler de remerciements à la manière indienne.
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01 Mai Fèt Kouzen Zaka !
Ce mois de Mai sera marqué par l`énergie d`Azaka Médé aka Kouzen Zaka qui représente l`énergie de la Terre. Témoin du métissage entre les spiritualités ancestrales africaines et la spiritualité karayib.
Même par rapport aux astres, nous entrons dans une phase où les portes s`ouvriront par la volonté, l`action et la discipline. Le temps du recul et de l`introspection est terminé. Maintenant il faut agir et pour cela rien de mieux que de planter les bonnes graines.
É wi ou pé pa planté, rékolté é manjé menm jou-a ! Pou sa fok-ou alaso ! À l`assaut pou trapé sa ou lé trapé. Matérialiser les prouesses de ton esprit par l`énergie de la terre.
Alaso ☘️
#fokousav #kouzenzaka
Il ne faut pas croire que la Sirène diamant 💎 est une juste une sirène qui minaude sur son rocher et quu va te bailler de la chance. Awa, comme l`océan il faut descendre dans les profondeurs pour bien comprendre l`essence de son énergie.
Ce lwa est la personnification du charme et des richesses de la mer : c`est à dire l`énergie vitale, la guérison mystique dans tous les domaines de la vie quotidienne. C`est également une énergie pour développer l`intuition/observation. Pouvoirs vivifiante demeurant dans le subconscient.
N`oubliez pas le charme s`opère par l`observation💙
Manbo la Sirène nous enseigne donc la transformation intérieur et le pouvoir de l`intuition. Pour cela il faudra plonger dans les profondeurs de sa propre personne afin de découvrir le pouvoir transformateur qui réside en nous.
Ayibobo
#fokousav #vaudou
À travers notre cercle de parole (en story) sur les différentes thématiques/problématiques qui animent notre quotidien, nous découvrons de jour en jour des philosophes. Des poètes qui nous invitent à nous recentrer sur l`essentiel.
Nos îles regorgent de nombreux talents. C`est donc le début d`une nouvelle rubrique à mon avis.
#tètchapé
"Erzulie Freda (lwa de l`amour) il faut t`associer avec ceux qui protège le ounfò".
Nous pouvons aisément philosopher sur les différentes directions qu`émane cette parole.
Au plus simple : Qui protège le ounfò (temple vaudou) ?
Selon la tradition, les lwa Sobo é Badè qui sont la personnification de l`énergie de la foudre et du vent. ⚡️🌪.
Sur le plan spirituel, la foudre représente les soudaines révélations ou le dévoilement des vérités enfouies. C`est un conducteur. Tandis que le vent symbolise, le souffle divin, le dégagement, les faveurs divines, prendre un cap.
Dans de nombreuses spiritualités ancestrales, un lieu frappé par la foudre est sacré ! Le ounfò est un lieu hautement sacré donc associé à ces lwa.
Symboliquement le coup de foudre est la représentation/manifestation de la puissance divine. La loi de l`Amour est la première loi cosmique et la plus importante. Cette loi est la reconnaissance que tout est né de la même racine/source. Le coeur (associé à l`appareil respiratoire/soufle) est l`organe qui diffuse l`énergie vitale dans le corps tout comme l`amour coule dans toute chose...
Nous devons retrouver le chemin du cœur, écouter l`appel afin de trouver en soi son alignement sacré.
Ayibobo
#vaudou #fokousav
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