La Jarre d’Or
Raphaël Confiant
Roman caribéen
Parution en 2010
“Aux Antilles, au temps de l’esclavage, les riches planteurs békés craignant des révoltes enterraient leur fortune dans des jarres en un lieu tenu secret. Dans les années cinquante, le bruit courut qu’une de ces jarres contenait aussi des livres aux pouvoirs mystérieux. Ces livres semblent à portée de main d’Augustin Valbon.
À moins qu’il ne s’agisse d’un mirage, ou d’une diablerie.Si elle est bien réelle, cette découverte pourrait changer le destin du jeune homme ! Car pour l’instant en rupture de ban avec sa famille bourgeoise, Augustin vivote dans le quartier mal famé des Terres-Sainville. Quête initiatique et formidable roman d’aventures, La jarre d’or est aussi une réflexion sur le mystère de l’écriture et la condition de l’écrivain dans une culture dominée par l’oralité.”
Mon avis
Augustin Valbon un mulâtre issu de la bourgeoisie créole est un écrivain «raté» en froid avec sa famille. Car il a osé s’installer au Terre St Ville, un quartier mal famé de Fort de France. Fréquente des gens peu recommandables comme Bec en or, le major du quartier; comme Gran Z’ongle, le plus grand sorcier de l’île et batifole avec des femmes de petite vertu au grand désespoir de son père, grand commerçant de l’île. Féru des légendes antillaises, il cherche frénétiquement la mystérieuse Jarre d’or.
En effet, selon les croyances martiniquaises, les planteurs békés (descendants des premiers colons blancs arrivés aux Antilles) enterraient leur fortune dans des jarres afin de les soustraire aux éventuelles révoltes d’esclaves. La jarre qui intéresse Valbon est l’une d’entre elles, cependant celle-ci ne contiendrait pas le métal précieux mais des livres «bannis». Grâce à cette jarre, Valbon espère trouver la gloire qu’il désire tant, et connaître les mystérieux pouvoirs de l’Invisible.
L’Invisible imprègne le quotidien des habitant, d’ailleurs notre jeune écrivain va en faire l’expérience. Un indien, mort il y a bien longtemps, va venir le hanter toutes les nuits. Afin qu’Augustin fasse déplacer sa dépouille qui est enterrée sous une allée du cimetière.
Augustin devra également déjouer les tours de l’envoûtante et séduisante diablesse qui lui donne des rendez-vous tout les vendredi à 3h du matin.
L’auteur raconte également avec finesse les rituels liés à l’enterrement et le repos des défunts. En mettant en avant les secret occultes des fossoyeurs de nos cimetières. En effet, un bon fossoyeur se doit de connaitre par cœur des prières que même Jésus, Allah, Bouddha, Krishna ne connaissent pas.
Afin que le défunt repose en paix et surtout ne viennent pas l’emmerder.
Cette aventure initiatique a de multiples facettes : elle mêle les croyances antillaises, une méditation sur la mort et le mystère de l’écriture. Afin qu’Augustin Valbon fasse à la fin de ce voyage, puiser dans la partie africaine de ses origines, ce dépouiller et renaître en tant qu’écrivain riche de toutes les composantes culturelles et historiques de son pays.
Extrait:
Trop de hasards s’invitent sur le chemin d’une vie qui empêchent qu’on puisse la gouverner. C’est pourquoi il faut s’astreindre à les feinter quitte à faire semblant d’accepter leurs diktats. En notre parlure créole, cela s’appelle jouer un jeu de macaque.
Puisque la vie n’est qu’une macaquerie, on doit apprendre à sa montrer plus vicieuse qu’elle.
Mais c’est vrai aussi qu’on ne peut rien opposer au chant profond des chagrins inconsolés…..
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