la blesse

Le syndrome créole : la Blesse


La blesse est un syndrome créole qu’il est difficile de traduire en termes médicaux occidentaux. Plusieurs symptômes liés à un traumatisme physique comme un coup ou une chute sont décrits:

La maladie en elle-même, est due à un organe, ou une partie du corps, qui “a perdu sa place” sous la violence du choc. Les côtes et les muscles “sont rentrés”, la “matrice est tombée”, quant à l’estomac, “il s’ouvre”. D’une façon plus générale, on dit en créole que “le corps est démonté”.

La douleur est localisée au niveau du thorax et du sternum accompagnée de vomissements et fièvre élevée.

Ce syndrome est provoquée par un mouvement violent comme une chute, un coup ou même un effort important pour soulever une charge trop lourde. Les enfants ont souvent des blesses. Il est généralement admis que la médecine officielle est impuissante et que seuls les spécialistes de la blesse, frotteurs et guérisseurs peuvent la soigner.

Comme les “chairs s’échauffent” et le “sang s’agite”, il faut se rendre auprès d’un frotteur de blesses , qui remet les parties atteintes dans leurs positions initiales.

Certains ethnologues disent que c’est une maladie culturelle que les médecins “ne voient pas”, d’autre disent que c’est dû à certains lieux chargés de mauvaises ondes dû à l’histoire. Néanmoins entant qu’antillais nous devons en connaître les symptômes pour ne plus être démunis.

Les symptômes

On sait que l’on a une blesse, si tout de suite après un choc, on a “l’impression que quelque chose est rentrée dans le corps.” L’enfant a un pied plus long que l’autre lorsqu’on allonge, son cœur bât plus fort, sa tête est toujours chaude, il présente des glaires verdâtres, les selles contiennent des caillots de lait.

Les autres symptômes sont une fatigue générale, manque d’appétit, des maux de dos et tête. Le corps s’ouvre, les reins, s’écartent (ren ouvè) le thorax est ouvert (lèstonmak ouvè). Cette ouverture du corps s’accompagne de l’enfoncement du coccyx (mis kochi) et de la luxation des côtes (kot kochi). Le sang circule mal devient noir, la personne maigrit et a des nausées.

Traitement

Le traitement de la blesse consiste à appliquer un cataplasme de plantes, de donner à boire des thés et des infusions et à frictionner le corps avec divers produits. Il s’agit de fondre le sang figé à l’intérieur et de faire transpirer l’enfant avec des thés de plantes.

Ce traitement est empreint de rituels magico-religieux, concernant le nombre de feuilles à utiliser , la façon de les appliquer sur le corps, le mode préparatoire et la durée du traitement. Le plus souvent il s’agit d’utiliser un nombre impair de feuilles pour confectionner le cataplasme; de couper en trois 1 feuille composant un thé, de conduire le traitement durant 9 jours (neuvaine).

Les plantes les plus utilisées en cataplasmes sont : le ricin appelé aussi feuille graines, ricin blanc ou palma christi, le mahot noir, la côtelette appelée aussi bois carré, le bois-caca, la moutarde, le raisinier, la calebasse et le bois-canon. D’autre plantes sont utilisées de la même façon: le médicinier béni, le bois rivière, le bois-anisette, l’avocat, la margotte, l’immortelle, le balai-onze-heures, l’olivier bord de mer, le caféier, l’oseille-bois.

Après avoir été écrasées avec une bouteille afin de casser les nervure, les feuilles sont légèrement ramollies à la flamme et enduites d’un cérat qui est flambé; ce cérat est confectionné avec de l’eau rouge (alcoolat vulnaire coloré au carmin), quelques gouttes de teinture d’arnica, du beurre de muscade, du rhum et de la chandelle molle (suif de mouton).
Parfois est ajoutée une teinture appelée baume baume de Gheus (myrrhe, encens, benjoin, aloès en solution alcoolique). Les feuilles sont attachées avec un linge ou une bande, 1 feuille à l’endroit, 1 feuilles à l’envers selon un rituel très précis, souvent 7 ou 9 feuilles sont utilisées pendant 9 jours.

Les feuilles desséchées sont changées tous les jours. Le diagnostic de guérison intervient lorsqu’il n’y a plus de feuilles sèches appliquées sur le corps. La blesse est considérée comme levée et l’enfant guéri : “Quand les feuilles sont sèches, ça tire tout le corps”, ce qui fait sortir le mal. Est vérifiée aussi la symétrie des pieds qui confirme la guérison.

Les cataplasmes et frictions

Les cataplasmes sont accompagnés de frictions le plus souvent à base de rhum, de beurre de muscade, de cannelle, de chandelle et de sel fin. D’autres remèdes utilisent des feuilles d’oreille mouton écrasées et mélangées à du jus d’orange sûre, à quelques gouttes de teinture d’arnica et à du beurre de muscade.

On frictionne aussi avec du cérat qui est flambé avant d’être appliqué. La préparation associe de l’eau rouge, de la teinture d’arnica, du beurre de muscade, du citron vert, du rhum fort et de la chandelle.
Les frictions sont effectuées également avec des produits achetés en pharmacie : huile de camomille, eau des Jacobins, etc.
Des bains peuvent être données à l’enfant avec des plantes dites chaudes pour faire fondre le sang, comme les feuilles de fromager. Chez la femme enceinte était appliqué avec du coton le lait de châtaigne-pays.

Les tisanes

Des tisanes accompagnent les traitements externes. Les plantes les plus utilisées sont la côtelette, le mahot noir, le fromager, la moutarde, l’avocat blanc, l’herbe charpentier, la margotte, le bois carré, le mango, le plantain.

On donne aussi pendant 9 jours une tisane matin et soir ( à partir de 6 mois) préparée avec 1 fleur de giraumon, 1 feuille de tamarinier, des graines de lin et 1 morceau de racine d’icaquier. Bien sûr, les recettes varient et d’autres plantes sont employées en tisanes : vermicelle razyé, gros thym, verveine queue-de-rat, marguerite blanche, bois de campêche, fleur de papayer mâle, aloès, toutes des plantes considérées rafraîchissantes qui ont pour fonction de nettoyer le corps.

La purge

A la fin du traitement est administré une purge sous forme de looch réalisé avec de l’huile de palma christi (ricin) et 1 petite cuillerée d’huile d’olive, de miel et de fleur d’oranger. On y adjoint de sjus d’herbes obtenus en pilant les feuilles de thé-pays, de côtelette, de verveine blanche, de thym manioc, de balai doux, de pourpier, d’herbe amère. La purge se fait aussi avec un thé de feuille de séné additionné de 1 pincée de corne de cerf et de fleur d’oranger.

Source:
Rimèd razié d’antan de Jean-Louis Longuefosse


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