
Une conteuse qui ne conte pas
Depuis que j’ai écrit Pawol pou Makrel, un recueil de conte pour adulte, je me qualifie de conteuse. Oui conteuse de notre tradition orale, mais l’ironie du sort fit que je me fige lorsque je dois prendre la parole.
Ecrire n’est plus un blocage pour moi, maintenant je dois juste aiguiser et trouver la plume qui me correspond le mieux. Mais parler, transmettre par la parole est une autre histoire. Et pourtant je me considère comme une conteuse.
Une conteuse qui veut conter mais dont les mots se mélangent ou se bloquent dans la gorge. Et lorsqu’ils sortent, la plupart ne résonnent pas comme ils devraient le faire, la plupart du temps une cacophonie règne.
Depuis quelque temps, j’ai essayé de faire un travail sur moi-même mais ma gorge se verrouillait, malgré le soutien et les conseils de mes proches et des belles âmes que je rencontre tous les jours.
Poutji ? Poutji ? Pourquoi ma parole ne se libère pas ? Poutji ?
Je me pose cette question depuis nanni nanan. Je n’écrivais pas car on m’a fait subtilement comprendre que mon français était trop banane et pas assez respectueux des règles de grammaire. Etant une enfant de la République avant d’être une martiniquaise, man fenmen djol mwen. Puisque je ne rentrais pas dans le moule de la langue française académique.
Et malheureusement le message que j’avais enfoui inconsciemment était que je devais avoir honte de ne pas pouvoir maîtriser cette langue. Fort heureusement la littérature antillaise m’a sauvé. Vous n’imaginez même pas à quel point.
Quand j’ai lu pour la première fois Tony Delcham avec tout le recul que j’avais sur mon enfance, j’ai compris que je pouvais créer ma propre parole et écriture. Le premier pas vers la guérison pouvait débuter grâce à mon écriture français banane que je défendrai bec et ongle contre les critiques car oui sur papier je suis française mais dans mon cœur, mon écriture et ma parole je serai avant tout une martiniquaise.
Une martiniquaise qui n’a pas honte de créoliser son français tout en décolonisant son créole trop français.
Maintenant que j’essaye de m’envoler dans l’écriture qu’est ce qui empêche ma parole de sortir ? Pourquoi lorsque j’ai un micro ou quelques yeux rivés sur moi, je suinte et je tremble. Une bacchanale sans manman de mots et d’idées grouillent dans ma tête mais reste coincés dans ma gorge. Poutji ?
Figurez vous que la réponse a toujours été là devant moi, saisissable et palpable. Hélas mon esprit ne voulait pas ou plutôt n’était pas assez mature pour le comprendre.
Tout commence lorsque j’étais en classe de primaire à l’école de De Briand. A cette époque, la maîtresse et le maître était plus fort que le Bondieu en personne. Je devais prendre sans broncher, les coups de compas en bois sur les mains, accepter les privations de la récréation car j’avais commis une faute de français impardonnable.
Pourtant j’apprenais mes leçons par cœur tout comme mon catéchisme mais au fond je ne comprenais rien, an hak ! Tout comme de nombreux enfants. J’étais une enfant qui travaillait correctement jusqu’au jour où jour je tomba sur ma maîtresse de cm1.
Mon Dieu cette dame m’a ravagé avec son côté Diablesse et Bienfaitrice. Je ne savais plus sur quel pied danser avec elle. Son côté Bienfaitrice m’a fait découvrir la poésie de Césaire et le Bèlè mais son côté Diablesse a fait en sorte de m’en dégouté. Oui je fus dégoûtée par ma propre culture et héritage. Comment ?
Parce que la dame nous expliquait brièvement les paroles de Césaire. Et si par malheur, on lui demandait plus d’explication, elle pouvait te regarder de haut en te faisant comprendre que si tu ne comprenais pas c’est que tu étais bête. Ma question est comment un enfant de 9 ans pouvait comprendre toutes les subtilités des écrits de Césaire ? Comment ? Si tu ne connaissais pas la musique d’Eugène Mona, tu étais considéré comme un inculte.
Pourtant cette dame connaissait les limites de l’école ainsi que l’environnement où nous grandissions. Un environnement assez violent dans une cité. Et que malheureusement la beauté de notre culture martiniquaise était troquée l’entrée du quartier pour celle de la survie.
Elle poussa encore plus loin la violence intellectuelle, en montant un spectacle sur les écrits de Césaire. Il fallait lire avec passion cahier d’un retour au pays natal tout en faignant de comprendre toutes les paroles. Si le rythme était trop mou ou pas assez charismatique, tu pouvais être sûre de subir ses remarques acerbes mais toujours subtiles. Je ne vais pas mentir, à chaque fois que je devais monter sur scène, les larmes inondaient mes yeux et un mal de ventre me contorsionnait.
Elle pouvait passer des heures à nous parler de la grandeur d’Eugène Mona, de l’importance de notre négritude tout étant capable de se moquer de ton français. De te foutre une volée si tu ne conformais pas à l’école française.
Sa meilleure innovation fut de convoquer sur le préau tous ceux qui n’avait pas eu de récompenses scolaires. Puis de partager nos difficultés d’apprentissage avec mépris devant ses collègues, et pour finir de prendre une photo de nous pour l’accrocher afin que toutes l’école puisse contempler quotidiennement les incapables de l’école primaire de De Briand.
Ce fut tellement violent psychiquement pour moi, que j’ai verrouillé ou enfouit mon identité, et mes pensées afin de me conformer. Heureusement j’avais trouvé un peu de répit dans les mathématiques et la physique, au moins les chiffres étaient clairs et dénoués de subtilités et d’hypocrisie.
Même âgée de 30 ans, écrire ou raconter cet épisode me fait toujours pleurer. Mais maintenant, mes pleures se transformeront en larme de joie car ma parole est libérée !
Valérie RODNEY
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La géomancie Afà est l`encyclopédie du Vodu comme la Torah l`est au Judaïsme. Le signe de votre Fa-destin vous donne un code de vie à travers ses mythes et ses allégories. Toute la littérature structurale du Vodu, les statuettes, les masques et autres représentations de divinités restent muettes. Il y a que la tradition orale, emmagasinée dans la memoires de nos Vieux, qui permet de donner un nom aux signes du Fa ou à les vocaliser.
Basile Goudabla Kligueh, docteur en lettre, anthropologue et prêtre vodu explore à travers son ouvrage les origines du Vodu ainsi que ses similitudes avec la Torah. Un livre riche et fascinant qui nous offre un autre regard sur notre héritage ancestral. Qu`on le veuille ou non, on nous a aussi volé notre identité spirituelle.
Les mystères occultes des îles, tome 2 est le recueil des témoignages de 2022 avec quelques explications.
Bonne chance 🙌🏼
#jeuconcours
Merci à l`abonnée avec qui j`ai eu un fou rire en me décrivant cette scène lorsque nous allons faire des bains en invoquants les esprits et la parole de Jézikri.Elle me disait :
"Non mais imagine le bordel dans le monde invisible. Genre il y a Jésus, Legba, Agwe etc en mode, les gars ! Qui y va han ? Les ancêtres répondent flemme tandis que Jezikri se dit merde ".
Est ce une critique ? Oui mais avec humour ! Moi aussi j`ai eu ma periode dans l`entre deux. Ki sa man ka fè ? Man té pè. Le chemin que j`ai choisi n`a pas été facile. Je doutais énormément mais au final ce fut formateur car maintenant je m`autorise à me faire confiance...
Le syncrétisme a toujours existé. Par exemple, le vodou haïtien est un syncrétisme de plusieurs spiritualités africaine avec la spiritualité taïnos. Maintenant faut il remettre en question un syncrétisme né de 4 siècles de lavage de cerveau ? À vous d`en juger.
Illustration de @rcrow_n 🤩
#fokousav #caraïbe #sonjé #antanlontan #laquimboiserie #vodou #spiritualité #mystèrespéyi #caribbeanpeople #antilles #antillais #commemoration
Gary Victor @garyvictor7 est un talentueux écrivain haïtien que j`admire énormément. J`adore sa plume et son imagination débordante. D’ailleurs qui m`inspire lors de mon processus d`écriture. N`hesitez pas à plonger dans son univers sarcastique, cruel, envoûtant et plein de vie.
Jusqu`à maintenant je n`arrive pas à choisir mon ouvrage préféré. Mais je dois admettre que j`ai une faiblesse pour les cloches de la Brésilienne et le diable dans un thé à la citronnelle.
Si vous êtes à la Martinique, vous pouvez retrouver certains de ses livres à la librairie @la_boite_a_plumes au Diamant.
#litterature #littératurehaïtienne
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Quand un défunt vient vous voir faut pas oublier de se purifier après : bain de mer ou un bain de plante (sel, basilic et citron). C`est important pour nettoyer ce que le defunt à apporter. N`hesite pas non plus à brûler de l`encens.
Certains défunts demandent du rhum en libation...alors que bon nombre d`entre eux ont souffert dans une Distillerie. Sé an bagay man pa ka konprann ? Mais en soit l`alcool active, transmute quelque chose...c`est seulement le rhum qu`ils avaient connu. La terre se nourrit d`eux pour faire pousser la canne. Cependant l`argent ne va pas dans nos poches.
#sonjé #fokousav #martinique #commémoration
Oh mon beau miroir ! Soit le reflet de mon âme.
Comme nous le savons hein Erzulie Freda est le lwa de l`amour, coquetterie, du sexe, de l`abondance, etc. Son attribut est le miroir, car quand la Maîtresse arrive, elle adore se comtempler et même se dévorer du regard.
Sincèrement pour ma part, quand elle me chevauche, j`ai une tronche de bwabwa avec un œil qui part à l`ouest et l`autre a l`est 😅. Du coup, il y a une petite friction entre nous car elle veut s`admirer avec amour tandis que je ne veux pas voir mon visage de tèbè...
Bref, après notre cancan car oui nous sommes têtues, je me suis enfin regardée dans le miroir, et ce fut à ce moment que j`ai compris certaines choses.
Prendre soin de soi, être fringuant, s`admirer ou encore embrasser son reflet est loin d`être narcissique ou égocentrique. Dans tout chose, il faut toujours trouver un juste milieu pour ne pas être dans l`excès.
Se dorloter est symboliquement prendre soin de son âme. Conforter notre essence divine dans son enveloppe physique, c`est bel et bien s`ancrer, s`imposer et même briller malgré nos imperfections comme ils disent. Soit une mètres fanm !
Même si on te dit que tu as une tête de balarou frit mais que tu sais comment piocher dans cette énergie, ressentir et vibrer avec, sache que même ceux qui n`aime pas ton style ou autre, ne pourront pas "résister" (je sais c`est un grand mot mais qui a son importance) à ton magnétisme.
La séduction passe aussi par les énergies, mais le reste aussi dépendra de ta personnalité, etc. Si ou kouyon, ma foi....😅sé pa ayen i pé fè ba`w.
Ayibobo
Note : Cet ecrit est mon approche envers ce lwa. Chacun vit son lien à sa manière.
#fokousav #vodu #erzuliefreda #vaudou
Mé zanmi, l`heure est grave !
La natalité de notre île bien aimée diminue chaque années. Des femmes commencent à se vouer au Lwa Erzulie Freda ou même Manman Brijit pour retrouver leur jouissance d`antan, sieuuu yo danjérèz. Des hommes sont en quête de koukoun tout koulè tout en deviant les ponts.
Hélas à force, il perdent leur splendeur d`antan car oui koké bon, fout i bon mais précaution. Dèlè yo ka pati fè an kèt pou dékoké yich moun-lan 🤣bref.
Que ces élixirs vous aideront à honorer vos maîtresses, vos amants an ba fè`y, votre femme ou votre époux, en vrai, nou san fouté épi ki moun ou ka fè zafè`w dépi ou kontan épi ou sav bien sa ou ka fè.
#fokousav #rimèdanbafey #plantes #médecinetraditionnelle #plantemédicale #pharmacopée #nature
Ai je profité de la veillée funéraire de ma grand-mère maternelle pour faire cette petite enquête ?
Oui, je le confesse😅c`était plus fort que moi surtout que j`étais là de la découverte du mort jusqu`à l`enterrement.
Franchement les veillées martiniquaises surtout chez le défunt dégage une espèce de vibes avec tout son lot d`exageration, de vwéyé monté, de paroles en soumsoum etc. Mais le plus surprenant et en même temps tellement courant sont les manifestations du défunt.
Et cette fois çi pendant un bref instant, point de Jezikri pour expliquer cela ou pour prendre en charge le passage du defunt...
#fokousav #laquimboiserie #antilles #carribean #sonjé
Koté ou yé ?
C`est une question qui m`a torturé l`esprit après la mort de mon grand-père maternelle, le poto mitan de ma vie et de mon esprit.
Celui qui m`a éduqué et soutiré dans un silence apaisant. À quoi bon parler quand sa présence et ses gestes témoignaient son amour pour moi.
Il est mort 1 mois jour pour jour avant mes 18 ans. Jusqu`à maintenant je regrette de ne pas lui avoir tenu la main jusqu`à son dernier souffle. Au lieu de rester avec lui, j`ai fui dans les soirées, l`alcool et j`en passe pour ne pas penser à son départ imminent.
Puis j`ai dû affronter son absence qui m`a plongé dans une terrible détresse psychologique. Heureusement, j`ai eu mon yich qui est née 1 mois jour pour jour après l`anniversaire de mon papi (la belle coïncidence)
Pendant des années, je l`ai cherché car chez nous, les défunts nous rendent visite en songe.
Hélas il n`est jamais venu alors que je l`appellais. J`avais besoin de savoir si il allait bien. Ou si il cheminait avec moi même de l`autre côté.
Je le confesse, c`est d`ailleurs pour cette principale raison que je me suis initiée dans le vodu. Oui pour le retrouver car j`en avais désespérément besoin.
Ma joie fut tellement immense quand il vint enfin vers moi après mon initiation. Man pléré bon dlo ! J`avais enfin l`occasion de lui dire tout ce que j`avais sur le coeur depuis plus de 14 ans, même si il le savait déjà...
Kwa senbo
Après sept jours sans se laver
Une fois que le sang a coulé
Et que la lune veut monter,
Sans savon, frottez, nettoyez
Le creux de votre intimité.
Puis dans un récipient versez
L`eau trouble et sale récoltée.
Sept jours durant il faut laisser
La crasse grise se déposer.
Puis la fleur du corossolier
Et noix de muscade ajoutez.
Lors de sept jours encore attendez
Et faire boire à l`être aimé
Curieux liquide macéré.
Avec le reste bien humecter
Votre corps nu en son entier.
Ainsi viendra sans hésiter,
Le soupirant tant désiré
Déposer son cœur à vos pieds.
Alors heureuse, vous vivrez
Comblée et sans jamais manquer
De bonheur et félicité.
Extrait du livre Dlo coucoune de Laurette Mas-Camille.
Tjenbwa pou lanmou, sé an bagay ki toujou la ! Mais fort heureusement, les mentalité changent et l`estime de soi est proné.
#fokousav #laquimboiserie
Man té ni sa pou di zot !
Je commémore avec respect, mais ne compte pas sur moi pour te raconter ce qui se passait dans l`habitation de ces yich kòn. Même en ayant du kaka zié, ou ja sav konpè.
Je ne veux plus que mon histoire se résume à cette époque de déracinement. Malgré ce dépouillement de soi, ils ont laissé des fragments de leurs mémoires.
Mais pour le voir, il faut déjà brûler le champ de canne dans ta tête.
Alors konpè, tu préfères quoi ?
Faire ton woulélé comme un nèg mawon tous les mois de mai, car le maître te l`autorise, puis reprendre le coutelas afin de les aider à rentabiliser leurs champs de canne ?
Ou tu vas prendre leur rhum de merde, puis imbiber tout ton champ avec. Et incendier la plantation pour renaître encore une fois.
Tes aïeuls sont morts pour renaître, mais toi, est ce que tu veux prendre ce chemin ?
Ne crois pas que tu seras tout seul dans cette affaire konpè ! N`oublie pas zansèt pa ka mò.
#fokousav #martinique #guadeloupe #sonjé #commémoration #guyane #africanheritage #caribbean
De nos jours, le tjenbwa a bon dos ! Avant d`accuser untel, regarde d`abord si le trouble ne vient pas de toi, tonnè !
Avoir la capacité de prendre du recul sur ses actes, choix, etc est le meilleur moyen de péter ses chaînes mentales pour mieux solidifier notre société tjerbolizé.
#laquimboiserie #sonje #fokousav #tjenbwa
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