
La flûte des Mornes
Né en 1944 , Max CILLA, appelé aussi le Père de la flûte des Mornes, est un flûtiste martiniquais qui a fait découvrir au grand public la flûte traditionnelle de son île natale : la Toutoune-bambou, plus communément appelée la flûte des Mornes.
Commençant à jouer de la musique dans sa jeunesse, il voyagea un peu partout (en France, aux Etats-Unis, …) pour découvrir de nouveaux horizons musicaux, et faire découvrir cette fameuse flûte.
Dans un premier temps, il faut savoir que le nom de « toutoune-bambou » est une expression créole qui désigne la flûte des campagnes, des régions montagneuses martiniquaises, que l’on nomme aussi les « Mornes ». Cette flûte est pour ainsi dire l’expression d’une relation très simple et très naturelle entre les gens de la campagne et la nature.
Les Mornes, un refuge
Les Mornes désignent les régions montagneuses des Antilles, les hauteurs du pays. C’est aussi la campagne profonde, « les grands bois » qui inspirent des rêves mystiques et animent l’imagination des conteurs et des poètes. Les Mornes furent le refuge des nègres marrons ceux qui, suite à leurs actes de courage et de révolte pour s’évader de l’asservissement esclavagiste étaient poursuivis par les colons.
C’est dans les Mornes de la Martinique, au fond des bois, qu’a eu lieu la naissance de la flûte de bambou, traversière à six trous. En effet, comme les bambous poussent dans les bois des Mornes à l’état sauvage, nos aïeuls observaient des bousquets de bambous pour en choisir un au profil régulier, voir quasi cylindrique.
Ces bambous étaient alors utilisés en tant que « gaules », outil pour attraper des fruits en hauteur dans les arbres. Mais ces personnes ont eu l’idée d’utiliser ces mêmes bambous pour faire des flûtes, et ce, de manière purement autodidacte.
Suivant leur intuition, en coupant le bambou, ils y posaient leurs doigts (les 3 doigts du milieu de chaque main : l’index , le majeur et l’annulaire), les plaquaient puis perçaient le cylindre au fer rouge, par fusion du bois.
Ce fer rouge était souvent une tige métallique de récupération de travaux de maçonnerie, de chantier, qu’ils faisaient chauffer dans des tessons de charbons de bois. Ils accordaient ensuite la flûte avec des outils comme par exemple des lames de ciseaux. Après avoir terminé la flûte, ils se mettaient à jouer une musique qui était directement en relation avec le ressenti de la nature environnante.
C’est ce que j’appelle la « tradition orale » : l’oralité qui implique tout l’environnement, une relation sensitive, intuitive et naturelle avec la nature.
Les premiers flûtistes de la toutoune-bambou étaient des personnes analphabètes, mais qui avaient l’intelligence intuitive, le sens inné de l’enseignement spirituel des choses que l’on porte en nous, mais que l’on perd en s’éloignant de la nature.
Ils vivaient en osmose avec la nature, qui leur donnait cette inspiration.
En allant plus loin, je pense que l’idée de créer une flûte de cette manière peut être reliée à des phénomènes de réminiscence d’un certain passé, comme par exemple, celui des mémoires africaines. On peut trouver, en effet, en Afrique, des flûtes traditionnelles qui ressemblent aux toutoune-bambous : les flûtes « peules ».
Les flûtes des Mornes ont donc pris naissance naturellement dans ces campagnes et ces bois en Martinique. Les flûtistes de la toutoune-bambou étaient très rares avant l’arrivée de la modernisation, d’autant qu’ils restaient dans les Mornes, et ne connaissaient pas la scène. Ils jouaient pour eux-même, pour les gens du villages, du hameau, dans leur environnement immédiat. Mais avec les années et la modernisation, la flûte et ses musiciens risquaient de disparaître à tout jamais.
Aimé Césaire maire de Fort-de-France et député de la Martinique, a sollicité Max Cilla en septembre 1977 pour ouvrir un atelier de fabrication et de pratique de la Flûte des Mornes dans le cadre du SERMAC (Service Municipal d’Action Culturelle de la Ville de Fort-de France). C’est grâce à cette histoire que tout a commencé.
Ce grand musicien a développée toute une émulation autour de cette flûte. Et en mémoire de cette histoire, il la renomma « la flûte des Mornes », pour qu’on se rappelle d’où elle vient.
La flûte des Mornes est la nouvelle appellation de la toutoune-bambou et cette appellation très appréciée est devenue une évidence.
À travers sa musique, Max Cilla nous invite à un voyage musical évoquant les divers aspects de la beauté de la nature au cœur des forêts tropicales martiniquaises et les richesses culturelles de l’oralité rurale. Richesses exprimées par les mélodies de la flûte traditionnelle et les rythmes entrainants des tambours et des ti-bwa.
Le père de la flûte des Mornes
Né en Martinique Max Cilla, est attiré très tôt par “la toutoun’bambou” dont jouent les anciens de son entourage et qui sous son égide, deviendra « la Flûte des Mornes ».
Adolescent il fait partie d’un petit orchestre dans son village de Ducos. Lui et ses amis sont fascinés par la musique cubaine. À la flûte à bec, Max essaye d’imiter les grands flûtistes cubains… dont il ne comprendra le jeu que bien des années plus tard.
A cette époque il ne se destine pas à la musique.
Il rêve et vit sans encore le savoir les prémisses d’une vocation. A 19 ans il quitte son île natale pour venir en France recevoir une Formation Professionnelle pour Adultes en mécanique de précision. Cette connaissance technique va précisément, lui servir à la restauration de la flûte traversière en bois d’ébène à 5 clefs, (celle dont jouent les cubains) puis à la fabrication de la flûte en bambou. Il commence une vraie carrière musicale!
Un soir de décembre 1967 Max marche avec sa flûte rue de la Huchette, dans le quartier SaintMichel à Paris, quand il fait une étrange rencontre, celle d’un homme noir revêtu d’un grand manteau et portant un étui de saxophone. L’homme vient à sa rencontre, en l’interpelant « Brother! » et l’invite à venir jouer avec lui. Max le suit jusqu’au Club de Jazz “le Chat qui pêche”, et ce soir là, sans savoir qui il a suivi, il participe au concert du célèbre musicien Archie Shepp…
Quelques mois plus tard il se produit lui même au “Chat qui pêche” avec son premier ensemble de Latin Jazz. Puis, en Martinique il intègre le groupe “Cachunga”, meilleur ensemble de Latinvjazz de l’époque sous la direction du chanteur et percussionniste Roger Jaffory.
Dans les années 70 en Martinique, il transmet une connaissance approfondie de la flûte à Eugène Mona, la plus grande figure populaire de la scène musicale martiniquaise, qui en a souvent témoigné dans les médias. Il éprouve la scène professionnellement en accompagnant la comédienne française Sylvia Monfort lors d’un montage poétique, puis il fait une tournée européenne avec les “Grands Ballets de Martinique”.
Il rencontre la musique du Brésil, de l’Angola et du Cap Vert, enregistre à Rotterdam avec Bonga le disque “Angola 74” qui jusqu’à ce jour n’a rien perdu de son authenticité. L’année d’après, il compose la musique pour la pièce de théâtre “La Conférence des oiseaux”, sous la mise en scène de Peter Brook. Il intervient musicalement dans deux pièces du théâtre Nô japonais de Yukio Mishima sous la mise en scène de Yutaka Wada.
En 1976 il fait un long séjour à New York où il participe à de nombreux concerts des maîtres de la musique cubaine (Machito, Tito Puente, Orquesta Broadway). Sur la proposition du député-maire Aimé Césaire, il crée un atelier dans le cadre du SERMAC, le Service Municipal d’Actions Culturelles de la ville de Fort-de-France où il enseigne la pratique et la fabrication de la Flûte des Mornes. Il représente la Martinique au “Festival Mondial de la Jeunesse et des Étudiants” à la Havane.
Dans les années 80/90 il compose de nombreuses pièces musicales et crée son propre orchestre “La Flûte des Mornes”. Il enregistre son premier album. Il est au centre d’un reportage diffusé par TF1, sur la facture des flûtes de bambou et toute la dynamique culturelle autour de cet instrument.
Il crée la musique du “Conte de la Pleine Lune quand elle marronne dans les bois” de Jacqueline Labbé, mis en scène par Joby Bernabé et joué au Festival de Martigues. Spectacle dont le Journal Le Monde se fait l’écho.
Il compose une partie de la musique du film adapté du roman de Joseph Zobel “Rue CaseNègres” d’Euzhan Palcy. Et voyage beaucoup, se produit dans les Antilles, en France et dans le monde (Puerto Rico, Canada, Colombie: à Carthagène où il participe au “Festival de Musique de la Caraïbe”…) reçoit une formation intensive en ethnomusicologie à l’université Vincent d’Indy à Montréal sous la direction du Professeur Monique Desroches.
Sources:
-Le son de flûte
-Site de Max Cilla
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Une pause vacance s'impose. J'ai besoin de me reposer et de développer mon écriture et mes idées afin de revenir en forme pour la rentrée. Cependant, je serai toujours active en story et en DM si besoin.
Je vous souhaite de bonnes vacances et rdv à la rentrée pour la suite de notre cheminement 🌺
Boutik Makrel disponible sur lafleurcurieuse.fr (lien dans ma bio)
C'est lors d'une de mes promenades nocturnes que je fis la connaissance d'une famille installée depuis la creation des quartiers De Briand et Godissard. Tout comme ma grand-mère, une ancienne, ils me racontèrent avec nostalgie cette époque où chacun vivait en bonne entente avec son voisinage.
Un voisinage qui pouvait faire office de banque, supermarché, crèche, etc. Mais du jour au lendemain, la modernité occidentale chamboula les moeurs d'antan.
Ces quartiers propres, fleuris et conviviaux sont maintenant abonnés par la population et municipalité : manque d'eclairage, accumulation des déchets, meutes de chiens errants, augmentation de la violence, etc.
Ében bondié ki sa ki rivé nou ?
Heureusement en se promenant entres les petites maisons et jardins, un certain charme y opère malgré tout.
Pawol grand moun, disponible sur lafleurcurieuse.fr (lien dans ma bio).
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Plantes médicinales et aromatiques de la Caraïbe de Christiane Portécop est un ouvrage destiné aussi bien aux enseignants qu'aux associations et personnel d'encadrement qui souhaitent realiser un projet relatif aux plantes médicinales. Ce livre interessera sans nul doute un plus large public qui pourra ainsi entreprendre un voyage instructif et formateur dans l'univers du patrimoine caribéen.
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Le plus important à retenir est de toujours prendre du recul par rapport à vos actes. Avant d'accuser l'autre, il savoir s'auto critiquer pour mieux avanver.
La sorcellerie a bon dos, alors que la plupart du temps, le pichon vient de nous même.
N'oubliez pas qu'une plante à toujours deux facettes : chimique et mystique.
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Sur le peu de photos disponibles, le roi Béhanzin avait pour habitude de fumer une pipe. Dans le vaudou béninois, la pipe est liée à l'intronisation et aux rituels mystiques de protection de la personne royale. Des feuilles sacrées sont mélangées au tabac pour lui conférer une force surnaturelle. De ce fait, il est impossible d'atteindre le roi lorsqu'il a la pipe aux lèvres.
Hélas, lors de son exil à la Martinique, le roi fit la malencontreuse rencontre de ti Sapito. Un ti fèt chié qui avait osé faire une farce au roi alors que Papa djab en personne évitait le souverain....Antatay ! Heureusement que Man Fortuna, une brave femme passait dans les parages avant le carnage.
Yékrik ! Les boucles d'oreilles de Béhanzin disponible (écrit et audio) sur le site lafleurcurieuse.fr.
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C'est lorsque j'ai entamé ma troisième au collège de Tartenson que j'ai su que le fort de Tartenson avait abrité un roi à la Martinique. Aucune trace de lui dans les contes alors que sa présence aurait pu aiguiser notre imagination collective.
Cependant d'après les anciens, on pouvait t'insulter en te disant : "ou ni chivé Béhanzin" car malheureusement à l'époque le cheveux nègre était renié. D'autres m'ont rapporté qu'ils connaissaient untel, yich dewò du roi dotés de quelques particularités. Encore une fois sur cette partie de l'histoire, les mémoires s'estompent.
Rdv ce mercredi pour découvrir un conte sur l'exil du roi dans les bois de la Martinique afin que son passage reste dans nos mémoires.
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J'ai découvert les sosyete à travers la littérature haïtienne. Les auteurs n'hésitaient pas à dénoncer avec un humour piquant, les nombreux pouvoirs et dérives de ce genre de communauté. Entant que maîtres de la nuit, il faut parfois marchander avec eux pour pouvoir circuler en toute sérénité.
Raphlee, jeune écrivaine haïtienne partage donc cette fois-ci sa terrifiante rencontre avec une sosyete dans un katchimen.
Faits insolites en Haïti : Sosyete disponible sur le site lafleurcurieuse.fr (lien dans ma bio)
#mystèrespéyi #haïti #caraïbe
Ce roman trace sans complaisance un portrait plus qu’acide de l’homme politique. Il lance une autre réflexion sur les mythes fondateurs d’Haïti et aborde le sujet tabou des relations entre le pouvoir et les sociétés secrètes.
En effet, sur cette île tout comme les autre, ce ne sont pas les urnes qui régit la politique mais bel et bien les cimetières. Lieu de rencontre entre les politiciens et les sosyete, loup-garou, esprits et d’autre entités nocturnes qui commandent la nuit.
Hannibal Sérafin grand ambitieux politicien est prêt à tout pour devenir le prochain président quitte à laisser Agwe, dieu des eaux koké douze fois sa belle femme sur une barque sacrée. Mais dans cette course effrénée vers le pouvoir, un diable estime qu’il est temps pour lui de sortir de sa montagne pour assouvir sa vengeance.
Heureusement, que la mambo Sorel veille à l’harmonie, tout en rendant fou d’amour et de passion Sonson Pipirit un ancien politicien, en le faisant jouir en haut d’un arbre sacré. Selon lui, la mambo Sorel transformée en loup-garou éveille chaque particules de son corps en le dévorant sur les autels sacrées. Ceux qui feront les offusqués, ne connaissent pas ce genre de plaisir délirant !
Un conflit cosmique, où l’humour est mêlé à un érotisme coloré et fantastique. Encore une belle œuvre de @garyvictor7
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J'étais enceinte gwo bouden et je suis allée un mercredi au cimetière pour fleurir la tombe de mon grand-père maternelle.
Antatay, ma belle mère avait hurlé en brûlant des feuilles car selon elle, le mort pouvait aller dans mon ventre donc se réincarner via ma fille. Et de plus selon elle, il y a des jours précis pour aller au cimetière afin d'être protégée (je ne m'en rapelle plus).
Réincarnation ou pas, elle a beaucoup de point commun avec mon grand-père. Man bien kontan sa.
Ps : quand la femme ne pouvait plus aller travailler dans les champs suite à son accouchement, le voisinage s'arrangeait pour la nourrir afin qu'elle ne manque de rien. Koté ou ka wè sa anko?
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