Copie de Antan lontan la naissance

Antan lontan : la naissance


Antan lontan une femme enceinte, ou même allaitant ne devait sous aucun prétexte couper un arbre fruitier, car, par une loi d’analogie, on pensait que l’enfant pouvait en mourir. Aussitôt après la naissance, la mère enterrait le placenta au pied d’un jeune arbre : cela s’accompagne d’une petite cérémonie où “l’on formule le souhait que l’enfant vive autant que l’arbre et participe à sa prospérité”. Cela devait l’enraciner dans la vie.

Lorsque les braves porteuses de légumes du Lorrain ou du Morne des Esses aient été saisies par les premières douleurs de l’enfantement. Si elles se retrouvaient seules, la tradition prétend qu’on en a vu, l’opération terminée, placer l’enfant dans le panier à légume pour continuer leur route. L’héritier ou l’héritière, en pareil cas, portait toujours le nom de Chimène, parce que né sur le bord du chemin.

Le choix du prénom que l’on considère comme en partie indépendantes de la volonté des parents. Il est d’usage général d’appeler les enfants d’après le saints ou la fête du jour: les résultats peuvent être pittoresque. A défaut ou à côté du saint, on choisira un homme important pour que la protection du nom demeure. C’est une des traces les plus durables que laisse à la Martinique le passage d’un gouverneur. Son prénom apparaît avec une fréquence remarquable sur les actes d’état civil pendant son séjour. Et pour que la protection s’étendit à toute la maisonnée, le patronyme a servi plus d’une fois à désigner le chien veillant sur le foyer.

L’enfant est immédiatement déclaré et baptisé, sauf s’il est né en décembre. Dans ce cas, la cérémonie est retardée d’un mois parce qu’on est persuadé que l’on gagne ainsi une année entière de vie. Autrement, il est indispensable que le premier sacrement soit administré dans les trois jours afin de mettre le nouveau-né et toute sa famille à l’abri du démon. Toute maladie, toute tare physiologique s’expliquent alors par l’expression consacrée: “ça, enfant du diable”.
Le jour du baptême, les parents font bénir par le prêtre une chaine en or et des médailles de Saint Michel ou de la vierge pour le protéger contre les esprits malveillants. Il devra les porter toute sa vie.

La nourriture de l’enfant a une grande importance, surtout au début de vie. Le voile qu’il porte à l’occasion sur la tête au moment de la naissance est mélangé à ses aliments, pour le préserver de tout danger. Il sera de même à l’abri du poison si on lui sert à son premier repas de “l’envers de caraïbes” : maranta arundinacea L. Pour le rendre intelligent, on lui fera absorber de la mie de pain trempée dans du miel. Au Morne des Esses, on placera sa tête dans un coui, ou moitié de calebasse évidée, afin de le protéger du tonnerre, de tout ce qui peut rendre fou, et de lui permettre plus tard d’aller à l’école, car c’est l’instruction qui a fait la force des békés.

De même, le corps du nouveau-né est frotté avec des feuilles de tamarinier, des goyavier et de citronnelle macérées dans du rhum, ce qui a pour but de le rendre fort et vigoureux. Pour hâter la cicatrisation de l’ombilic, on utilisait la poudre de charbon de bois, la poudre de quinquina ou la cendre d’un bouchon de liège ou de toile de lin Le jus de citron était utilisé pour éviter l’infection des yeux.

Il existe d’ailleurs des procédés, qu’on prétends éprouvés, pour remédier à certaines malformations. Si un membre, par exemple, ne se développe pas normalement par rapport aux autres, on choisira un ti veau que l’intéressé remplacera à intervalles réguliers au pis de la vache. Le membre reprendra sa croissance, réglée cette fois sur celle de l’animal, et qu’on arrêtera au moment voulu. Sans quoi, le résultat risquerait d’être trop beau.

Il faut faire attention quand on rencontre un enfant le soir : ce peut être un engagé. Vous êtes une personne bien intentionnée, vous croisez un enfant qui pleure et vous voulez le ramener chez lui : méfiez-vous car, en cours de route, l’enfant grandit et exige de revenir à son point de départ. Comment alors savoir quand il faut céder à la compassion ou à la peur?

Il faut éviter de prendre dans ses bras un enfant qu’on trouverait pleurant sur une plage déserte , il se mettrait à grossir et étoufferait le porteur sous son poids. En Guadeloupe, il est appelé bébé de goudron.

Sources:
-Les mamies
-Magie antillaise d’Eugène Revert
-L’univers magico-religieux antillais de Geneviève Leti


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