L'interprétation des rêves dans l'hindouisme aux Antilles

L’interprétation des rêves dans l’hindouisme aux Antilles


C’est avec passion que je m’interrogerais encore une fois sur les grands mystères de l’hindouisme, en vous faisant part de ce petit récit.  Qui j’en suis sûr vous dédommagerait de toute culpabilité de n’y avoir pas tenté, si ce ne serait qu’une fois d’en quérir une réponse. 
 
Il est vrai que parler de rêves, s’en faire le souvenir parfois dans le monde sensible, nous fait entrer dans une conversation avec nous-même. C’est une petite démarche anthropologique que nous mettons en place vis à vis de notre existence dans notre monde. Et il est clair que notre quotidien, notre vie dans un univers donné s’avère important, surtout en rapport avec notre culture et notre tradition. Nos rêves entretiennent toujours une espérance de quelque chose en vue de nos rapports sociaux et des problèmes liés à notre vie.

Mais c’est dans le monde religieux surtout au niveau de l’hindouisme de notre pays que nous nous questionnerons ici. Puisque leurs éclats et leurs significations se feront plus acteur de nous, sensibilisant cette petite part de spiritualité divine en nous.
 
Nous avons tous été au moins une fois spectateur d’un petit récit tenu parfois par nos grands-parents. Assis dans leurs chaises embrassant tous leurs corps, sur la véranda ou sous un arbre. C’est dans un espace circonscrit, et qui se rendra sacré lorsque les quelques années qui leur resteront à vivre se seront écoulées totalement, que je vous ramène.

Alors, attrapant quelques fruits autour de la petite case, c’est religieusement que nous nous asseyons sur un petit banc et que nous nous mettons à écouter ces prophéties d’une époque hors du temps. Nostalgie du temps passé nous racontant ce qui leur tenaient à cœur, leurs avis sur les problèmes sociaux et politiques, quelques séries télés ou encore quelques ragots à la mode entretenant la ferveur populaire.

L’on se dit qu’au final tout pour eux concordait à une petite idée qu’ils se faisaient des choses du monde. Mais c’est sur de grands monologues et de petites histoires rapiècetés où une petite part d’eux-mêmes frissonnait, s’émerveillait à la comptine de celle-ci, qu’il nous faudra témoigner.

Le rêve dans sa manière d’être et son mode de fonctionnement tient un statut particulier pour eux, c’est le lieu ou les âmes discutent entre elles, ou les dieux viennent et ordonnent quelques conseils, à l’approche d’une cérémonie d’un membre de la famille ou en rapport avec un problème futur. Je vous parlerai alors de mes quelques conversations et bavardages, que j’ai pu faire, avec mes grands-parents sur la question, et la manière dont ceux-ci légitimaient cette tradition orale dans ce panthéon hindoue.

Il sera plus facile alors pour chacun de se reconnaître et de s’en faire une petite idée, surtout que nous verrons au cours de ce petit récit les analogies des quelques contes populaires indo-guadeloupéens empruntés à l’Harischandra ou Maldévilin. 
 
Mon grand-père et moi nous nous attardions de longs moments à discuter de la manière dont la vie l’amena petit à petit à célébrer une cérémonie en l’honneur de la déesse « Kali ». Et chose assez flagrante c’est ma grand-mère qui, parfois dans son scepticisme radical, témoignait de ces rêves liés à ces univers religieux et qui plus tard se voyait être l’une des plus ferventes pratiquantes de cette foi millénaire.

C’est la déesse elle-même vêtue d’une robe blanche et de taille moyenne qui un soir s’empressa auprès de mon grand-père en lui demandant de ne plus manger de viande de bœuf, car c’était lui qui en avait la responsabilité. C’est une main rêvée sur une porte et dont la maladie le guettait auparavant qui lui fit élever un mât en l’honneur de Nagoulan.

Après quelques sacrifices il fut vite soulagé. Et c’est un proche parent jadis passant prendre un verre et discutant à son tour de ses mésaventures oniriques, qui lui fit remarquer qu’il devait ériger à sa prochaine cérémonie un autel pour ce Dieu.
 
Etant le Patriarche et garant des valeurs familiales, tous les vendredis en début de mois, ma grand-mère et lui s’en allaient allumer les lampes et brûler un peu d’encens pour entretenir ce lieu divin sur le terrain familial. Nous aurions tendance à voir cela comme un devoir conjugal, mais cela revêt beaucoup plus pour ceux qui doivent faire autorité dans de grande famille indienne.

Et qui doivent laisser comme une empreinte morale pour leurs descendants, et je dois dire que la manière et l’art de voir nos aïeuls ou même nos parents se comporter dans la vie de tous les jours est la meilleure source d’éducation qu’un jeune puisse espérer venant de sa famille.

Je restais toujours attentif, à leur écoute, dès qu’il s’agissait de dieu et déesse, j’étais étonné parfois que ces divinités viennent discuter avec les mortels que nous sommes. Cela peut sembler assez difficile à croire au premier abord, mais quand j’analysais toutes les expressions et procédait à l’analyse minutieuse que me peignait soit mon grand-père ou ma grand-mère. Je me disais
fut il improbable tout cela, une chose est sûre c’est que toutes ces histoires sonnaient vraies en eux et qu’il n’était pas question de rigoler ou d’esquiver quelques prérogatives conseillées lors de ces nuits.

Nous avons parfois tendance à oublier qui nous sommes et l’on a du mal à savoir ce qui va vraiment conserver et peu de nous durant toutes les années qui nous reste à vivre. Une chose est sûre, c’est que nos grands-parents n’ayant pour seul diplôme parfois, un “Bon” faisant acte de communion dans la religion catholique, savait eux ce qui se rendaient important dans leur vie.
 
Qu’ai-je fait et qu’est-ce que j’ai laissé à mes enfants ? Pour moi et sans évidence la réponse était ces moments-là. Assis des heures durant à écouter et analyser ces paroles. Ces histoires chantées et rythmées par leurs expériences, animées d’une “mimique” que seule, ils en n’ont le secret. Et sans trop vous le cacher je psalmodiais un petit sourire me disant que ce sera moi qui serai peut-être, dans pas si longtemps serait animé de la même exaltation.
 
Les rêves comme les croyances n’engagent que ceux qui y croient. Il faut savoir que nous tous, qui pratiquons la religion hindoue, nous croyons totalement et intégralement à la “réincarnation de l’âme”. Lorsque nous rêvons de divinités ou que cela rentre dans une perspective symbolique qui interroge notre conscience, il faut savoir que la raison se fait absente. C’est l’âme qui rêve, c’est elle qui part et qui effectue ce voyage.

Notre corps reste passif, l’esprit lui entretient tout cela et norme cette unité lorsque nous revenons à nous. En clair, nous rêvons de ces choses qu’à mesure des expériences et du savoir que nous avons. C’est à la fois une représentation de nous-mêmes qui se donne à nous, et chose assez flagrante.

Nous savons que nous rêvons et que les êtres qui sont devant nous sont dans un monde, qui ne nous appartient pas encore. Il y a alors une conscience active et dynamique à ce niveau, lorsque certaines personnes m’expliquaient qu’ils ont rêvé d’une vielle dame âgée, habillée d’une robe blanche avec un collier en or, ou même d’un vieux monsieur avec une moustache. Il sera sans doute avéré que nous avons ici, la présence de deux divinités qui se font présentes dans nos cérémonies « Kali et Maldévilin ».

Ou même encore d’un petit garçon qui demande quelques friandises, à cela je laisse vos expériences juger de qui cela peut bien être. Il faut bien se donner à l’idée que ces choses se personnifient dans la manière ou notre monde et nos propres convictions nous en fait une image dans le monde sensible. Un agriculteur rêvera par exemple une situation donnée avec un homme ou une femme qui personnifie son dieu de prédilection, cela peut-être une marchande qui vient le voir ou un vieux monsieur avec une houe qui récolte quelques légumes.

Il n’est quand même pas question pour ces êtres de nous donner des informations, qui nous aiderait à aller mieux
si l’on ne comprend pas ou que l’on n’en prête aucune importance. C’est avec évidence même que l’on doit porter notre attention dessus dans la mesure où que cela nous titille l’esprit.  Et instinctivement vous savez bien où notre nature se dirigera. « Sans doute vers cette véranda ou cette arbre ».

A ce moment là, il s’avéra un jour qu’il ne restera que cet arbre et que cette vielle chaise sans personne à interroger et là on se dira « si gran an Man ou gran appa té la, i té ké di mwen sa pou fè ».
 
La manière et le mode d’expression des rêves comme vous le voyez, est une chose intimement liée à notre mémoire familiale. Un catalogue d’analogies et de parallèles qui se transmettent de génération en génération et qui ne trouve sa “foi” que dans ces paroles de l’instant où l’on s’en souvient.

Rêver d’une personne morte, l’on rallonge sa vie, d’un mariage ou de dents qui tombent annonce la mort, rêver de champs de cannes c’est la lumière. Et l’on pourra faire un grand catalogue très exhaustif de ces symboles qui se font exister chez nous.
Maintenant, allez savoir d’où tire son origine toutes ces expressions qui annoncent, « malheur ou bonheur » au sens étymologique du terme. Là c’est une autre paire de manches.

Et je pense que personne ne saurait répondre à ces questions. L’on doit juste se dire avec sérieux que ce sont des choses à connaître et dont l’on doit avoir le mérite d’y apporter une réponse. J’avoue que ce sont de grandes questions métaphysiques et qu’y chercher une réponse nous plongerait dans un abîme encore plus profond.
 
Lorsque nous nous endormons, il est très difficile d’en avoir conscience au moment où ce dernier nous enveloppe, par contre on sait toujours lorsque l’on se réveille. Et si parfois l’on a du mal à se réveiller, ou que notre sommeil se « coupe » lors d’une aventure onirique et que l’on veuille bien y repartir pour en connaître la suite, c’est que quelque part l’on s’y sentait bien. Et sans trop savoir pourquoi d’ailleurs. Peut-être une question qui ne trouvera sa réponse que dans un autre voyage, et cette fois sans possibilité de retour.
 
Mais dans notre hindouisme c’est souvent la femme, dotée d’une nature plus sensible qui est en proie aux rêves dits prophétique où messianique. Souvenez-vous je vous ai dit que c’est ma grand-mère, qui souvent faisait parvenir à mon grand-père
quelques conseils. Et c’est sans doute dû à la manière dont la famille indienne est structurée.

La femme s’occupe du foyer et est à la fois gestionnaire, médecin, psychologue. C’est une vraie artiste dans l’art et la manière de faire face aux imprévus de la vie. Elle tient pour ainsi dire un rôle stratégique dans la spiritualité qui s’institutionnalise dans son foyer.

Si l’homme fait figure le plus souvent d’un caractère actif dans le monde matériel, la femme elle tire son essence dans les choses qui viennent à elle dans un monde qui se joue au-delà des illusions du monde. Souvenez vous de l’histoire du Roi D’Ayodyha, où sa femme fit se songe cataclysmique annonçant qu’un terrible malheur s’abattra bientôt sur le Royaume. Où même Boumi qui eu cette prémonition que son Père BouMén-Nin arrivait avec son armé pour la récupérer, en fuite avec Madurai-Veeran.

La femme dans sa constitution physique et psychique si je peux me permettre tient un rôle évident qui n’est pas à démontrer de nos jours. Mais pour ce qui est de notre petite thèse ici, je dirais qu’elle est plus apte à recevoir la divinité en elle. Elle est du moins plus sujet à être l’investigateur de ces éléments puisque c’est elle, qui est sollicitée par le rôle
la divinité lui donne.
 
Nous pourrions passer beaucoup de temps à énumérer des moments comme celui-là, tirés dans plusieurs légendes et contes sortis du grand pays tamoul. Mais il nous faut retenir que le rêve dans sa manière dont nous indien on le légifère dans notre existence
fait partie intégralement de notre identité en tant qu’individu moral et spirituel.

Cela peut sembler bizarre pour les occidentaux ou quelques compatriotes indiens qui se sont quasiment occidentalisés, prétextant que ces cérémonies ou que ces traditions sont dépassées et sont d’une autre époque. Mais comme a dit un de mes amis qui reçus ces consignes de son Père « n’oublie jamais d’où tu viens ».

Ces paroles ne sont pas que des mots que l’on doit se remémorer pour en avoir « bonne conscience ». Mais plutôt doivent être entendu comme un garde de fou qui nous rappelle que nous ne sommes pas des individus « x » où « y », que nous avons un passé, une mémoire commune, une histoire, une identité qui se transmet depuis la nuit des temps.

Si faire un Colombo d’une telle façon, préparer sa cérémonie de telle manière et pas comme les autres, est une nécessité qui ne s’explique pas ; c’est que ces choses, ces éléments, ces détails qui peuvent sembler banals, ont une importance qui n’est pas de l’ordre du monde sensible.

« Sa ka fè mwen songé gran en Man ou gran appa ».

Combien de fois n’a-t-on pas nous même psalmodié cette maxime. Vous voyez, après tout c’est humain de se dire, et de se faire garant à son tour de ces détails qui retiendront l’attention de nos enfants et petits-enfants.
 
Je ressens bien l’évidence et les questions qui se feront ressentir encore une fois après cette lecture que vous ferez de ce petit essai. Et je pense qu’il y aurait de nombreuses thèses conçut par moi qui mériteraient des éclaircissements. Mais cela excèderait bien plus que quelques pages et imposerait à votre courage et votre curiosité une volonté à assentir à me lire encore un peu plus.

Retenons en tout cas que le rêve dans l’existence de l’indien, lui donne certes une détermination dans sa vie terrestre mais cela lui apporte bien plus. Ce n’est pas un fou ou même un être déréglé mentalement qui rêve de Dieux et de cabris, de chapelles et bien d’autres symboles qui alièneraient une partie de lui-même.

Il y a une vraie motivation derrière ces desseins d’un autre univers, une vraie histoire de nous-même que nous devons accepter et comprendre. Certaines personnes passent leur vie, voir plusieurs générations à comprendre qui ils sont. Certains se demandent au-delà des richesses matérielles qu’est-ce que je peux bien faire pour que ma descendance puisse être apaisée et ne plus être totalement perdue en ce monde.

Je suis ravi de vous dire que j’ai de la chance qu’il y ait eu avant moi, et il y a de cela plusieurs milliers d’années des êtres qui ont su répondre à ces questions. Et dont je contribue à cette idéalité nous léguant bien plus que des réponses.

Et nous pouvons tous en faire l’expérience à chaque fois que nous nous rendons dans une cérémonie ou un SchemblanNi, concrétisation même que la preuve de toutes ces choses aussi improbables soit-elle puissent révéler en nous plus qu’une part de notre humanité.

“Quoi!”… A cela je laisse les quelques années de votre vie vous en faire une petite idée.

De Jonathan Soudarapa


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