SAMBA

Depuis que la samba est samba

Paulo Lins
Roman brésilien
Parution en 2014

“Rio de Janeiro, années 1920. Dans les ruelles et les bars de l’Estácio se croisent malfrats, immigrés et prostituées. C’est là aussi que s’encanaille la bohème de l’époque, ses poètes, ses musiciens et ses fils de bonne famille déchus. De ce creuset naîtra le plus brésilien des genres musicaux : la samba.
Ismael Silva sera l’un des artisans de cette révolution culturelle. Son ami Brancura, proxénète le plus redouté du quartier, rêve lui aussi d’écrire des sambas. Mais sa rivalité avec Sodré, un fils d’immigrés portugais qui a réussi, l’empêche de se consacrer entièrement à l’art. Les deux hommes aiment la même femme, Valdirène, la plus belle et la plus disputée des prostituées de l’Estácio…”

Mon avis

L’Estácio, quartier le plus mal famé de Rio de Janeiro, dans les années 1920 où musiciens amateurs et paroliers issus du petit peuple descendants d’esclaves libérés réjouissaient les habitants du quartiers. Dans ce coin mal famé les bordels rivalisaient en nombre avec les bars à cachaça.
Et dans les terreiros, les cérémonies afro-brésiliennes du candomblé et de l’umbanda dirigées par les Mères-de-Saints et Pères-de-Saints habillés de blanc se terminaient la nuit par des danses au son de percussions ; ces rythmes traditionnels d’origine africaine n’étaient pas du goût des autorités qui les interdisaient souvent brutalement.

C’est dans ce lieu unique qu’arpente Paulo Lins pour nous raconter fiévreusement la naissance aux forceps de la samba moderne. En s’appuyant sur la figure historique réelle d’Ismael Silva, grand compositeur, l’un des pères de cette nouvelle musique, mais aussi fictivement sur Sodré, le Portugais et Brancura le Noir.
Ces maquereaux, amis autrefois, sont aujourd’hui les pires ennemis surtout quand il s’agit de posséder la magnifique Valdirène, la plus belle prostituée de la « Zone ». Si Sodré sait gérer sa double vie de trafiquant et de bon citoyen Brésilien, Brancura dont la samba est son grand amour, est par contre, souvent empêtré à dans ses mauvaises combines.

Un roman musical empreint de sensualité et d’amour, au cœur du royaume du sexe tarifé où couples, triangles et rectangles amoureux se déploient dans un tourbillon de bagarres féroces et haines mortelles.
Il met également en avant les réalités sociales, les préjugés de race et l’homophobie dans la société brésilienne sous le rythme fiévreux et envoûtant de la samba. Afin que nous oublions pas que cette musique est née dans la misère des noirs du pays.

Extrait:

La samba, la vraie, devait porter en elle le sel des percussions des terreiros de l’umbanda et du candomblé, graves quand il s’agissait de marquer le temps, plus aiguës quand il s’agissait de faire ressortir des mesures. Il fallait bien définir le refrain et le couplet, mettre le tempo en branle- un rythme différent de celui de la macumba, utilisé pour faire descendre puis remonter les esprits des saints, en exauçant nos demandes, en emportant le mal dans l’infini d’Aruanda et en répendant la paix dans le cœur des enfants de le Terre.

Cette manie de vouloir imiter les Portugais, les Français, les Argentins devait cesser. Il fallait retrouver les rythmes qui venaient d’Afrique, des cases des nègres du temps de l’esclavage, des quilombos, des terreiros, du lundu. Une samba qui donnerait la fièvre à tous, qui ferait disparaître tous les pavés du sol, qui agiterait les jambes; qui réjouirait celui qui aimait marcher, chanter, danser. Une samba pour défiler dans la rue.


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